AbstractsAbstracts are listed by alphabetical order (first author), date, time and room
Awa, Vanessa (University of Missouri – Columbia) Dynamics of African French idiom diffusion: the role of popular music, social media, and digitalization jeudi 26 septembre – 11h30-12h00 – Race (LBC 201) Over the past six decades, French in Africa has become a varied language, influenced by contacts with local and vehicular African languages, resulting in the emergence of diverse varieties/dialects. Evolution amplified by the digital revolution notably accelerated during the COVID-19 pandemic. This work addresses a significant gap by exploring African French phraseology’s regional and global dimensions. Through a lens of key idiomatic phrases that serve as fundamental elements in diffusion, popularization, and stability (figement) (Krieg-Planque, 2009), It examines the mechanisms contributing to stabilizing these idioms in a global and media-driven context of popular culture. Using a mixed-methods approach combining qualitative analysis of linguistic data and quantitative measures of social media interactions, it accounts for the distribution with reference to variables of language variation, geolocation, digitalization, region, and speakers’ attitudes and perceptions regarding this linguistic phenomenon common to sub-Saharan Africa. By analyzing song lyrics, YouTube comments, and social media posts, the study seeks to understand how language is used as a tool for cultural expression and identity construction. The findings enrich our understanding of linguistic and cultural dynamics and shed light on contemporary perspectives of French spoken in Francophone Africa.
Bahler, Carly (Mississippi State University) L’élève de Laval m’a demandé, « êtes-vous de la Louisiane ? » Et j’ai répondu, « Presque !» : Le français du côté américain de la vallée Saint Jean jeudi 26 septembre – 15h00-15h30 – Race (LBC 201) Les résidents de la vallée Saint Jean (VSJ) occupent une région internationale entre le nord du Maine (États-Unis) et le nord-ouest du Nouveau Brunswick, à quelques pas de l’est du Québec. Aujourd’hui, selon les célébrations et les sociétés culturelles locales, les Francophones du côté américain seraient des Acadiens qui parlent (ou parlaient), bien entendu, une variété de français acadien. Cependant, les sources démographiques et historiques témoignent d’une forte présence laurentienne dans la région. Ainsi, tirant une conclusion qui évoque des recherches comparées sur le français louisianais (Baronian 2016; Dubois 2005; Klingler 2009; Neumann-Holzschuh & Wiesmath 2006; Rottet 2006; Thibault 2016), Bahler (2019) affirme que l’étiquette «acadien» appliquée au français de la VSJ s’avère bien trop simpliste. Dans cette présentation, nous commencerons par un tour d’horizon du français de la VJS, examinant brièvement des preuves linguistiques importantes, issues d’un corpus oral, qui attestent de migrations laurentiennes survenues au cours de l’histoire de la région. Ensuite, si le français de la VSJ américaine se révèle une variété bien plus mixte que l’on ne le prétend, comment expliquer alors la primauté actuelle de «l’acadienneté» dans l’identité locale, aux dépens de l’influence laurentienne qui est largement cachée, voire niée, sur le plan populaire? Quelles comparaisons peut-on établir avec la situation sociolinguistique en Louisiane (Betters 2016; Brundage 2009; Dubois & Melançon 1997; Giancarlo 2018; Grivet et al. 2021) et à quoi peut-on s’attendre concernant l’avenir de cette variété en pleine voie de disparition? Références Bahler, C. 2019. Irrealis mood in a declining dialect: the case of French in Maine’s Saint John Valley. Thèse doctorale, Indiana University, Bloomington. Baronian, L. 2016. Au carrefour des Amériques françaises: enquête sur les sources linguistiques du français louisianais. Dans N. Dessens & J-P Le Glaunec (dirs.), Interculturalité: La Louisiane au Carrefour des Cultures, 295-318. Québec: Presses de l’Université Laval. Betters, J. 2016. Immersion education in an endangered language: a linguistic study of the oral production of French immersion students in Louisiana. Thèse doctorale, Indiana University, Bloomington. Brundage, W. F. 2009. Memory and Acadian identity, 1920-1960: Susan Evangeline Walker Anding, Dudley LeBlanc and Louise Olivier, or the pursuit of authenticity. Dans U. Mathia-Moser & G. Bischoff (dirs.), Acadians and Cajuns: The Politics and Culture of French Minorities in North America, 55-70. Innsbruck University Press. Dubois, S. 2005. Un siècle de français cadien parlé en Louisiane: persistance linguistique, hétérogénéité géographique et évolution. Dans A. Valdman, J. Auger & D. Piston-Hatlen (dirs.), Le Français en Amérique du Nord: Etat Présent, 287-305. Sainte-Foy: Presses de l’Université Laval. Dubois, S. & Melaçon, M. 1997. Cajun is dead – Long live Cajun: shifting from a linguistic to a cultural community. Journal of Sociolinguistics 1(1): 63-93. Giancarlo, A. 2018. “Don’t call me Cajun!”: race and representation in Louisiana’s Acadiana region. Journal of Cultural Geography. Grivet, C. S., Haj-Broussard, M. & Broomé, R. 2021. School administrators’ perspectives of French immersion programs. Foreign Language Annals 54(1): 114-38. Klingler, T. A. 2009. How much Acadian is there in Cajun? Dans U. Mathia-Moser & G. Bischoff (dirs.), Acadians and Cajuns: The Politics and Culture of French Minorities in North America, 91-103. Innsbruck University Press. Neumann-Holzschuh, I. & Wiesmath, R. 2006. Les parlers acadiens: un continuum discontinu. Revue de l’Université de Moncton 37(2): 233-49. Rottet, K. J. 2006. Évolution différente de deux traits de contact interdialectal en français louisianais: les cas de quoi et j’avons. Dans R. A. Papen & G. Chevalier (dirs.), Les Variétés de Français en Amérique du Nord. Évolution, Innovation et Description, 173-92. Numéro spécial conjoint de la Revue Canadienne de Linguistique Appliquée / Canadian Journal of Applied Linguistics 9(2) et de la Revue de l’Université de Moncton 37(2). Thibault, A. 2016. Le français de Louisiane et son ancrage dans la francophonie des Amériques. Dans N. Dessens & J-P. Le Glaunec (dirs.), Interculturalité: La Louisiane au Carrefour des Cultures, 247-94. Québec: Presses de l’Université Laval.
Blondeau, Hélène (University of Florida) Mougeon, Françoise (York University) Mougeon, Raymond (York University) Tremblay, Mireille (Université de Montréal) Diatopie et variation lexicale en français laurentien: char, marchine, auto, automobile, voiture jeudi 26 septembre – 12h00-12h30 – Stibbs (LBC 203) Notre étude porte sur la variation en temps réel dans l’usage des termes exprimant la notion de véhicule automobile dans les variétés de français laurentien parlées à Montréal et Welland. Elle repose sur des corpus recueillis durant les années 1970 et 2010 (Blondeau, Mougeon et Tremblay, 2022). Notre étude montre que, dans les années 1970, les deux communautés utilisaient deux formes vernaculaires (char et machine)—la deuxième étant nettement moins fréquente que la première, et trois formes de prestige (auto, voiture et automobile)—auto étant nettement plus fréquente que les deux autres. Les corpus des années 2010 révèlent qu’à Montréal, le système se réduit à trois variantes (char, auto et voiture) et que auto est toujours plus fréquent que voiture, et qu’à Welland, il se réduit essentiellement à deux variantes (auto et voiture)—auto augmentant plus fortement que voiture et char étant marginalisé. Ces résultats sont comparés à ceux d’études précédentes sur ce cas de variation lexicale ailleurs au Québec et en Ontario. Ces études montrent que, dans le parler des jeunes générations, char a éliminé machine, automobile est marginal et, dans l’ensemble, auto l’emporte nettement sur voiture. Nous mettons aussi en perspective nos résultats avec ceux de nos recherches sur l’évolution de l’usage des marqueurs de conséquence (fait que, donc et alors) et des pronoms pluriels complexes et simples (ex. eux autres vs eux) à Montréal et à Welland. Ces recherches ont montré que la variante fait que effectue une forte montée à Montréal alors qu’elle décline à Welland et que les pronoms simples augmentent en fréquence dans les deux communautés, mais de façon plus marquée à Montréal. Nous proposons plusieurs pistes susceptibles d’expliquer les divergences intercommunautaires dans l’évolution de ces deux cas de variation et de celui de la variable char/machine/automobile/auto/voiture. Références Barysevich, A. 2010. Variation et changement lexicaux en situation de contact de langues. Thèse de doctorat, Western University. Blondeau, H., Mougeon, R. & Tremblay, M. 2022. The diverging path of consequence markers in Canadian French, dans E. Peterson, T. Hiltunen et J. Kern (dir.). Dynamics and Innovation in Discourse-Pragmatic Variation and Change. Cambridge University Press, pp. 230-250. Bigot, D. 2016. De la variation lexicale en franco-ontarien: les données du corpus de Casselman (Ontario). Revue canadienne de linguistique, 61 (1): 1-30. Martel, P. 1984. Les variantes lexicales sont-elles sociolinguistiquement intéressantes ? Actes du xviie Congrès international de linguistique et philologie romanes, Aix-en-Provence: Publications de l’Université de Provence, 183-193. Nadasdi, T., Mougeon, R. & Rehner, K. 2004. Expression de la notion de «véhicule automobile» dans le parler des adolescents francophones de l’Ontario. Francophonies d’Amérique 17: 91-106.
Chalier, Marc (Sorbonne Université) François, Jeanne (Sorbonne Université) Cartes mentales des variétés du français québécois jeudi 26 septembre – 11h30-12h00 – Stibbs (LBC 203) La méthode des cartes mentales (mental maps), issue de la dialectologie perceptive (Preston 1999) et bien établie dans l’étude des variétés diatopiques de langues comme l’anglais (Preston 1993) ou l’allemand (Lameli, Purschke & Kehrein 2008) n’a pas connu le même engouement dans le cas du français : le nombre d’études utilisant cette méthode est restreint et ces dernières se concentrent principalement sur des espaces internes à la France (Paris et Provence dans le cas de Kuiper 1999 et 2005 ; Paris et Toulouse dans le cas de Pustka 2010). Notre communication aborde un espace francophone hors de France jusqu’ici jamais étudié sur la base de cartes mentales : celui du français québécois. Elle a pour objectif de montrer comment l’espace variationnel interne au Québec est structuré dans les représentations de ses locuteurs. Pour ce faire, 96 participants – provenant de Québec et Montmagny à l’Est du Québec et de Montréal et Lachute à l’Ouest (Verreault & Lavoie 2004) – ont été invités à entourer et nommer les différentes aires de diffusion des variétés de français qu’ils pensaient être capables de distinguer sur une carte du Québec, plusieurs types de cartes ayant été utilisés afin de minimiser d’éventuels biais méthodologiques liés aux caractéristiques topographiques des cartes. Nos résultats montrent que les participants distinguent entre quatre et neuf variétés, les variétés les plus souvent distinguées étant – de manière similaire aux résultats de l’étude perceptive de Remysen (2016) – celles des deux principales agglomérations urbaines, Montréal et Québec, ainsi que deux variétés qu’ils localisent dans la Beauce et le Saguenay. L’opposition dialectologique entre l’Est et l’Ouest ne semble pas pertinente dans les représentations des participants, ces derniers s’appuyant sur des paramètres extralinguistiques comme les oppositions stéréotypées du Québec ‘urbain’ et du Québec ‘rural’ ainsi que sur les frontières de régions administratives. Références Kuiper, L. (1999). Variation and the Norm. Parisian Perceptions of Regional French. In Preston, D. R. (éd.), Handbook of perceptual dialectology, vol. 1. Amsterdam : John Benjamins, 243-262. Kuiper, L. (2005). Perception is reality: Parisian and Provencal perceptions of regional varieties of French. Journal of Sociolinguistics 9(1), 28-52. Lameli, A., Purschke, C. & Kehrein, R. (2008). Stimulus und Kognition. Zur Aktivierung mentaler Raumbilder. Linguistik online 35(3), 55-86. Preston, D. R. (1993). Folk Dialect Maps. In Glowka, W. & Lance, D. M. (éds.), Language Variation in North American English: Research and Teaching. New York : Modern Language Association of America, 105-118. Preston, D. R. (éd.) (1999). Handbook of Perceptual Dialectology, vol. 1. Amsterdam : John Benjamins. Pustka, E. (2010). Der südfranzösische Akzent – in den Ohren von Toulousains und Parisiens. In :Krefeld, T. & Pustka, E. (éds.), Perzeptive Varietätenlinguistik. Francfort-sur-le-Main: Peter Lang, 123-150. Remysen, W. (2016). Langue et espace au Québec : les Québécois perçoivent-ils des accents régionaux?. In Gavinelli, D. & Molinari, C. (éds.) : Lingue, culture, mediazioni (Espaces réels et imaginaires au Québec et en Acadie : enjeux culturels, linguistiques et géographique). Milan : LED, 31-57. Verreault, C. & Lavoie, T. (2004). Les parlers de l’Est et de l’Ouest québécois. Essai de caractérisation linguistique. In L. Mercier & H. Cajolet-Laganière (éds.), Français du Canada – Français de France VI. Tübingen : Niemeyer, 71-121.
Cichocki,Wladyslaw (University of New Brunswick) Kaminskaïa, Svetlana (University of Waterloo) Hagar, Luke (University of Waterloo) On the Relationship between Articulation Rate and Utterance Length: Regional Variation in Canadian French jeudi 26 septembre – 15h30-16h00 – Race (LBC 201) Research has shown that utterance length – measured as the length of inter-pause intervals (IPIs) – has a regular effect on articulation rate (AR): as IPI gets longer, AR gets faster (Grosjean & Deschamps 1975, Quené 2008, Clopper & Smiljanic 2015). In addition, Schwab & Avanzi’s (2015) study of regional dialects of European French showed that this IPI effect on AR can vary with region and style, although the authors found no obvious explanation for this interaction. The present paper studies the association between AR and IPI in three regional varieties of Canadian French; the study is limited to one style, reading a text. Speech samples are from interviews with 31 native speakers of québécois (Québec City), acadien (Tracadie, New Brunswick), and ontarien (Windsor, Ontario) varieties. Interviews followed the protocol of the Phonologie du français contemporain project. Recordings were analyzed acoustically with Praat; they contain about 35 minutes of connected speech (excluding pauses). Articulation rate – measured in syllables per second – was calculated for each IPI. Variation in AR was analyzed using linear mixed-effects modeling with IPI length, region as well as speaker age and gender as predictors. Results show that (a) IPI length is a significant predictor of AR; (b) mean ARs in Québec City are significantly higher than those in Tracadie and Windsor; (c) in contrast with reports about regional European French dialects, there is no significant IPI-by-region interaction in the three Canadian varieties. A follow-up study of mean vowel durations shows an interesting trend: at slower ARs, correlations between mean vowel duration and IPI length are markedly different for Québec City speakers when compared with speakers from Tracadie and Windsor; at faster ARs, these correlations are nearly identical across the three regions. This suggests that future studies should look for possible regional differences in slower – as opposed to faster – IPIs.
Demsey, Laura (University of North Carolina at Chapel Hill) L’état du français en Nouvelle-Angleterre en 2024 jeudi 26 septembre – 11h00-11h30 – Race (LBC 201) La langue française a connu une longue histoire dans la région de la Nouvelle Angleterre aux États-Unis. Il existe de grandes communautés de francophones, dont presque tous sont des descendants d’immigrés venant du Québec et d’Acadie entre 1840 et 1910. Cette migration du Canada francophone au Nord-Est des États-Unis a eu un effet important sur la situation linguistique en Nouvelle-Angleterre. Elle a fait de la région une communauté bilingue, où à un moment 10% de la population parlait français. Cela a créé des tensions entre les Anglo-Américains et les Franco-Américains. On traitait les Franco-Américains comme des citoyens de seconde classe, leur culture tournée en ridicule et leur langue quasiment éliminée dans la vie publique. Aujourd’hui, la population francophone en Nouvelle-Angleterre est réduite à une petite fraction de sa taille originale et continue à diminuer, selon le U.S. Census Bureau. Pourtant, il y a des efforts pour revitaliser et conserver la langue dans certaines communautés, surtout celles avec des centres culturels franco-américains, tels que le Franco Center à Lewiston dans le Maine, le Centre Franco-Américain à l’Université du Maine à Orono et le Centre Franco-Américain du New Hampshire (FACNH) à Manchester. Cette communication donnera un aperçu historique et sociolinguistique de ces communautés, aussi bien qu’une mise à jour sur l’état de la langue à ce moment, en 2024, selon des entrevues avec des Franco-Américains à Lewiston, Orono et Manchester.
Rasul Dent (INRIA) Retracing Verbs in Louisiana and the Indian Ocean Creoles: A Text-Based Approach mercredi 25 septembre – 14h30-15h00 –Rechler (LBC 202) For decades, the similarities observed between the French-based Creoles of the Americas and Mauritius have led some researchers to posit a common Pidgin French ancestor. Goodman (1964), followed by Hull (1979) and more recently, McWhorter (2000, 2016) claim this variety could be traced back to slaving ports in late 17th century West Africa. Others, such as Parkvall (1999), argue that an African pidgin may not account for the Lesser Antillean Creoles, but remains a way to explain similarities between Louisiana and Mauritian Creoles. In contrast, Chaudenson (2001) asserts that the two zones diverged from French independently. However, he also argues Indian Ocean Creoles stem from a proto-creole created during the early colonization of the Île Bourbon (Réunion). The paucity of linguistic attestations from early colonies has generated considerable skepticism regarding such proposals, especially when combined with demographic evidence. However, Hull (1993), considers the possibility of a pidginized register of French ultimately originating in Europe, noting the presence of forms such as the subject pronoun “li” in the works of Molière. Indeed, French literature of the 17th and 18th centuries contains many stereotypes of European L2 speakers of French which can help explain key aspects of the evolution of Creole verbs. In particular, a generalized third person pronoun similar to the preverbal marker “i” of Réunion Creole is associated with speakers of Germanic languages. Similarly, the exaggerated schwa of the Gascon accent foreshadows the complex variation between long and short forms for first conjugation verbs. While these stereotypes are not direct evidence of a coherent pre-Creole language, they can help explain several commonalities in the verbs of contemporary mesolectal Louisiana Creole and the languages of the Indian Ocean, especially when considered alongside related varieties such as Missouri French. References Chaudenson, R. (2001). Creolization of Language and Culture. Goodman, M. (1964). A Comparative Study of Creole French Dialects. Hull, A. (1979). On the origin and chronology of the French-based creoles. Readings in Creole studies 2: 201–214. Hull, A. (1993). The Transmission of Creole Languages. Atlantic Meets Pacific–A Global View Of Pidginization and Creolization, pp. 391–397. McWhorter, J.(2000). The Missing Spanish Creoles: Recovering the Birth of Plantation Contact Languages. McWhorter, J. H. (2016). The missing Spanish creoles are still missing : revisiting afrogenesis and its implications for a coherent theory of creole genesis. In Iberian challenge : creole languages beyond the plantation setting. (Lengua y Sociedad en el Mundo Hispánico 36: 39–66 Parkvall, M. (1999). On the possibility of Afrogenesis in the case of French creoles. In Creole Genesis, Attitudes and Discourse: Studies celebrating Charlene J. Sato. Creole Language Library 20: 187–214.
Derasp, Sarah (Simon Fraser University) “Assez francophone”: Identity negotiations of New Heritage Speakers of French (Provisionary) mercredi 25 septembre – 12h00-12h30 – Stibbs (LBC 203) Navigating identity in the 21st century is increasingly complex: as traditional links between language, culture, and nation dwindle (Heller, 2010, 2011), young people are finding new spaces, real and discursive, in which they find community. My This research contributes to a nascent conversation about identity, ideology, and the future of the French-speaking community in “british columbia”[1], directly impacted by the de-essentialization of ‘the francophone’, as described above. What does it mean to “be francophone”? Four semi-directed interviews were conducted with participants aged 18-40, all of whom identified as French Second Language (FSL) speakers, but whose ancestors’ dominant language was once French. Having learned the language through formal education instead of at home, I was interested inwe investigated what affective elements impacted their self-conceptions as French speakers. I We refer to this group as New Heritage Speakers (NHS), mixing the existing concept of Heritage Speaker, someone who speaks a minority language primarily at home, with New Speaker (Levasseur, 2017, 2020; O’Rourke et al., 2015), in lieu of terms such as ‘non-native’, where minority languages are formally learned. The unique positionality of NHS within a multilingual society that treats speaking French as both an inheritance and an appropriation does not come without contention. We argue that the experiences of British Columbian NHS (de)legitimating their identifications with the French language community must be understood in concert with linguistic insecurity (Arrighi, 2013; Arrighi & Urbain, 2019; Nazzari Gomes et al., 2023) and post-colonial identity politics (Bernstein, 2005; Gallant, 2016). We further argue that these identify negotiationcs are impacted by the lack of fixed geographic spaces within British Columbia that are associated with the local French language, creating contributions to the an ongoing negotiation process of identity that all French speakers here navigate: the becoming and unbecoming of a Francophone, the creation and dissolution of a Francophone space and the ongoing continuous fixing and undoing of who the Francophone community includes (Anzaldúa, 1987).
Descourtis, Sandra (Emory University) Beyond Standard French: Incorporating French Variations in the Curriculum jeudi 26 septembre – 12h00-12h30 – Rechler (LBC 202) Despite their prevalence in French language, language variations such as argot and verlan, are rarely incorporated into French university language programs in the US. These variations are often viewed negatively, leading to stigmatization of the social groups that use them (Bourdieu 1982; Lippi-Green, 1992; Silverstein, 1996). However, argot and verlan have been long an integral part of daily speech, attested in dictionaries, in literature and in the media (Červenková, 2013). Although the American Council on the Teaching of Foreign Languages standards and the Common European Framework of Reference for Languages requires exposure to real-world language, their inclusion in foreign language classrooms remains limited. Instruction typically focuses on standardized French, creating a gap between formal education and actual communication patterns (Redman, 2012). Consequently, many learners struggle to follow informal conversations (Lefkowitz, 1989; Petitpas, 2010). However, knowledge of French language variations could enhance students’ integration into French-speaking communities but also enable them to acquire not only idiolects but also an essential aspect of French culture (Retinskaya & Voynova, 2020), fostering sociolinguistic competence. Informed by Sociocultural Theory (Vygotsky in Lantolf, 2000), the concept of the symbolic power of language (Bourdieu, 1982), and raciolinguistics (Rosa and Flores, 2015, 2017), this case study, conducted at a large US university, explores the reasons for the inclusion or exclusion of argot and verlan in French language programs. Through questionnaires and interviews, the research aims to understand learners’ beliefs and needs regarding French variations, as well as educators’ perceptions and constraints in teaching them. Findings reveal that educators often use materials in class that can perpetuate racial stereotypes and stigmatize certain dialects. Students feel conflicted about learning these variations, recognizing their importance while also desiring to speak “proper” French, reflecting the impact of educators’ attitudes on their beliefs and suggesting a need for better training and support for teachers. References ACTFL (American Council on the Teaching of Foreign Languages). (2015). Performance descriptors for language learners. ACTFL. Bourdieu, P. (1982). Ce que parler veut dire: L’Économie des échanges Linguistiques. Fayard. Červenková, M. (2013). L’influence de l’argot sur la langue commune et les procédés de sa formation en français contemporain. Études romanes de Brno, 31(1), L22. Council of Europe (2018). Common European Framework of Reference for Languages: Learning, Teaching, Assessment. Companion Volume with New Descriptors. Council of Europe. Flores, N., & Rosa, J. (2015). Undoing appropriateness: Raciolinguistic ideologies and language diversity in education. Harvard Educational Review, 85(2), 149-171. Lantolf, J. P. (2000). Introducing sociocultural theory. Sociocultural theory and second language learning, 1, 1-26. Lefkowitz, N. J. (1989). Verlan: talking backwards in French. The French Review, 63(2), 312-322. Lippi-Green, R. (2012). English with an accent: Language, ideology, and discrimination in the United States. Routledge. Petitpas, T. (2010). Enseigner la variation lexicale en classe de FLE. The French Review, 83(4), 800-818. Redman, J. (2012). Embedding preparation in language courses. In E. Brewer & K. Cummingham (Eds.), Integrating study abroad into the curriculum: Theory and practice across disciplines, 85-102. Sterling VA: Stylus. Retinskaya, T. I., & Voynova, N. V. (2020). Common Youth Argot in Teaching of French as a Foreign Language in Higher Education. ARPHA Proceedings, 3, 2067-2079. Rosa, J., & Flores, N. (2017). Unsettling race and language: Toward a raciolinguistic perspective. Language in society, 46(5), 621-647. Silverstein, M. (1996). Monoglot ‘standard’ in America: Standardization and metaphors of linguistic hegemony. In D. Brenneis & R. K. S. Macaulay (Eds.), The matrix of language: Contemporary linguistic anthropology (pp. 284-306). Westview.
Fisher, Kathryn (University of Toronto) Outils méthodologiques pour décrire l’écologie linguistique du français acadien parlé à Moncton mercredi 25 septembre – 11h30-12h00 – Stibbs (LBC 203) Le français acadien (FA) parlé à Moncton, connu sous le nom du chiac par certains, est un sujet de controverse : certains le perçoivent comme une variété (stigmatisée) du FA (King 2008 ; Papen 2014), tandis que d’autres pensent qu’il est en train de devenir une langue mixte autonome (Perrot 1994 ; Young 2002). Il se peut que les cadres théoriques et méthodologies différents des études précédentes aient conduit à des perceptions controversées du chiac (Arrighi 2020). Ainsi, mon objectif est de présenter mes outils méthodologiques pour révéler le statut linguistique de ce code dans le cadre de l’écologie linguistique. L’écologie linguistique est utilisée pour comprendre les résultats du contact linguistique (Grenoble 2011). Le chiac est une écologie glocalisante (Wendel & Heinrich 2012) dans laquelle les locuteurs sont confrontés à une tension entre s’assimiler au français hexagonal (la mondialisation) ou se différencier en utilisant des structures acadiennes archaïques et des pratiques bilingues de l’anglais (la localisation) (Péronnet 1996; Perrot 2014). En fonction de l’interrelation entre une multitude de paramètres, notamment des attitudes linguistiques et des identités (à l’égard d’un groupe), les (groupes de) locuteurs se situeront sur un continuum entre ces deux extrêmes (Boudreau 2009). Ainsi, j’ai créé de nouveaux outils méthodologiques pour définir les différents groupes de locuteurs à Moncton dans un modèle de l’écologie linguistique (Ludwig et al. 2018). Mes contributions sont les suivantes : 1) Le chiac n’a jamais été placé dans ce modèle ; chaque communauté de contact nécessite un ensemble unique de paramètres dans le modèle pour décrire son écologie linguistique ; 2) Cette étude offre un cadre qui rapproche la documentation linguistique et la linguistique variationniste (Cotter 2017 ; Meyerhoff 2017) ; 3) Comme j’étudie le chiac dans un cadre novateur, j’ai créé des stimuli novateurs pour obtenir une compréhension holistique de l’écologie du chiac, et donc de son statut linguistique.
Fonseca-Greber, Bonnie (University of Louisville) Roitman, Malin (Stockholm University) Corpus Data in the French Classroom: Negation and Social (Dis)Agreement mercredi 25 septembre – 14h00-14h30 – Race (LBC 201) Inauthentic materials continue to plague commercially prepared pedagogical materials, but corpus data can provide an antidote. This presentation examines a high frequency (semi)-lexicalized chunk and explores its usage in neutral and corrective negation in contrastive, European French corpora: one a corpus of face-to-face conversation, the second, a corpus of televised presidential debates. These discourse genres seem to follow contrastive pragmatic principles. Everyday conversation generally follows the social agreement principle (Yaeger-Dror 2002), whereas political debates favor what we term the social disagreement principle, as candidates seek to win voters over to their political platform. In addition, despite the argumentative nature of the political debates, speakers can sometimes choose to accommodate the face needs of their interlocutors. (1) Refuting presuppositions > Conversational discourse > Self-directed > Corrective Negation: ce n’est PAS un coin d’herbe ‘it’s not a grassy area’ (2) Refuting presuppositions > Conversational discourse > Other-directed > Neutral Negation: mais c’est pas la même chose ‘but it isn’t the same thing’ (3) Refuting presuppositions > Argumentative discourse > Self-directed > Neutral Negation: c’est pas l’état qui achète ‘it isn’t the state buying’ (4) Refuting presuppositions > Argumentative discourse > Other-directed > Corrective Negation: ce n’est PAS eux que vous visiez ‘they’re not the ones you were pointing the finger at’ (5) Refuting presuppositions > Argumentative discourse > Other-directed > Corrective, Face-Protecting Negation: Monsieur Hollande, c’est pas le concours de la petite blague.’ Monsieur Hollande, this is no time for joking’ References Yaeger-Dror, M. (2002). Register and prosodic variation, a cross language comparison. Journal of Pragmatics, 34(10–11), 1495-1536, https:// doi.org/10.1016/S0378-2166(02)00069-3
Forest Leblanc, Abigaël (Université du Québec à Montréal) Préservation historique et changement en cours du pronom de la première personne du pluriel je en français acadien de Par-en-Bas, Nouvelle-Écosse mercredi 25 septembre – 15h00-15h30 – Stibbs (LBC 203) De nombreuses études (Flikeid 1994, King 2013) démontrent la préservation de traits linguistiques du français du 17e siècle en français acadien. Effectivement, non seulement certaines formes, mais également leurs systèmes sont conservés dans certaines variétés de français acadien. C’est le cas du pronom de la première personne du pluriel je (1) utilisé en alternance avec on (2), nous étant absent de mes données. (1) Je jouions ensemble. (2) On jouait là itou. Bien que le on est la forme utilisée dans la plupart des variétés de français contemporain, le je est attesté dans le français en 17e siècle où il alternait avec on et nous. Ces pronoms étaient employés au 17e siècle dans le centre-ouest de la France par des locuteur.rice.s de classes inférieures, dont certain.e.s ont migré vers les provinces maritimes du Canada vers 1600 (King, 2013). Dans cette étude, j’analyse toutes les occurrences de la première personne du pluriel énoncées par six femmes acadiennes de la région de Par-en-Bas située dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Les résultats d’une analyse multivariée menée avec Rbrul (Johnson 2009) révèlent que parmi les facteurs testés, deux se sont avérés statistiquement significatifs. Le « référent » montre une nette préférence pour la variante je, utilisée à un taux de 95,2%, lorsque le pronom réfère à des individus connus par la locutrice (vs non restreint où ça inclut des gens inconnus aussi). Ce résultat concorde avec l’utilisation historique de cette forme du pronom (King, Martineau & Mougeon 2011). De plus, le facteur « âge » (30 ans et moins ou 50 ans et plus) présente une différence qui est statistiquement significative. Les jeunes utilisent je à un taux d’occurrence de 95,4% et les 50 ans ou plus présentent un taux de 59,8%, suggérant un potentiel changement en cours dans l’utilisation de cette variante. Références Flikeid, K. (1994). Origines et évolution du français acadien à la lumière de la diversité contemporaine. Dans Les origines du français québécois, pp. 275-326. Les presses de l’Université Laval. Fritzenkötter, S. (2017). Aspects morphosyntaxiques et lexicaux du français acadien des adolescents de la Baie Sainte-Marie, Nouvelle-Écosse. Dans Sarkowsky, K., Thunert, M., & Eibl, D. G. (2017).Zeitschrift für Kanada-Studien, pp. 99-117. Johnson, D. E. (2009). Getting off the GoldVarb standard: Introducing Rbrul for mixed-effects variable rule analysis. Language and Linguistics Compass 3(1): 359-383. King, R., Martineau, F. & Mougeon, R. (2011). The interplay of internal and external factors in grammatical change: First-person plural pronouns in french, Language 87(3):470-509. King, R., Nadasdi, T. & Butler, G. R. (2004). First-person plural in Prince Edward Island Acadian French: The fate of the vernacular variant je...ons. Language Variation and Change 16: 237-255. King, R. (2013). Acadian French in Time and Space: a Study in Morphosyntax and Monparative Sociolinguistics. Publication of the American Dialect Society 97 Supplement to American Speech, Volume 87. Travis, C. E. & Silveira, A. S. (2009). The role of frequency in first-person plural variation in Brazilian Portuguese : Nós vs. a gente. Studies in Hispanic and Lusophone Linguistics 2(2): 347-376.
Goyette, Stéphane (Acadia University) Sur la genèse des créoles français en général et du tayo en particulier. mercredi 25 septembre – 14h00-14h30 – Rechler (LBC 202) La question de savoir si (à quelques exceptions près) les créoles français auraient un ancêtre commun -pidgin, créole, forme de français colonial profondément transformée par le contact langagier-distinct du français colonial lui-même n’a pas encore été réglée à la satisfaction générale de la communauté scientifique. Si Goodman (1964) constitue la première tentative sérieuse de démontrer l’existence d’un ancêtre commun (selon lui un pidgin ou un créole), sa conclusion n’a pas remporté l’adhésion de tous les chercheurs. En fait, elle s’est notamment attiré l’opposition de Robert Chaudenson (1974), pour qui toute tentative d’établir une filiation entre créoles français et pidgins est irrecevable. Ce dernier voit en la créolisation un phénomène graduel et dont le point de départ (autrement dit, l’ancêtre commun des différents créoles français) ne saurait être autre chose que le français lui-même. Une exception à cette vision des choses se retrouve dans le traitement réservé au tayo, créole à base française de Nouvelle-Calédonie : Chaudenson y voit une langue lourdement influencée par le créole français de la Réunion (1994), peut-être même issue de cette dernière, reconnaissant donc une filiation directe entre deux créoles (dont l’ancêtre commun, le réunionnais ancien, était bien entendu bien distinct du français). Le but de cette communication est de souligner que Chaudenson a fait preuve d’incohérence : en effet, si d’une part il n’accepte pas la thèse de Goodman, de l’autre plusieurs des arguments dont il se sert afin de démontrer un lien historique entre réunionnais et tayo sont tout simplement identiques. On examinera de plus près la nature des arguments, et on en conclura que Goodman avait raison en ce qui concerne les créoles français, et Chaudenson en ce qui concerne l’origine du tayo. Références. Chaudenson, R. 1974. Le lexique du parler créole de la réunion. Paris : Champion. --------« À propos de Sabine Ehrhart, Le créole français de St- Louis (le tayo) en Nouvelle-Calédonie ». Études créoles 17.1, pages 128-142. Goodman, M. F. 1964. A comparative study of creole French dialects. La Haie: Mouton & Co.
Jamet, Marie-Christine (Università “Ca’ Foscari”) L’approche d’intercompréhension au service du français et des langues romanes: une expérimentation avec des apprenants bilingues anglais/espagnol mercredi 25 septembre – 15h00-15h30 – Race (LBC 201) Au moment où l’Union Européenne a promu le concept de plurilinguisme, des chercheurs dès la fin des années 1980 ont pensé faire de l’intercompréhension (IC) une nouvelle approche d’enseignement des langues (Escudé & Janin, 2010). On prend appui sur son répertoire et sur les ressemblances entre langues proches pour apprendre plus vite à comprendre plusieurs langues inconnues proches, et permettre ensuite une forme de communication où chacun s’exprime dans sa langue tout en comprenant celle de l’autre (Jamet & Spita, 2010). Cette nouvelle approche a séduit les Européens et elle a essaimé en Amérique latine (Calvo del Olmo, 2021), et en Californie auprès des publics hispanophones qui apprennent le français ou l’italien (Donato, 2016). L’efficacité de l’approche en réception comme en interaction écrite a été prouvée (Caddéo & Jamet 2013, Bonvino & Garbarino, 2022). Les chercheurs ont voulu vérifier alors si les conditions d’IC existaient aussi pour l’oral. La première expérience de compréhension à l’oral de 200 mots français inconnus hors contexte par des italophones, comme l’expérience en miroir avec les mêmes mots en Italien préserntés à des locuteurs francophones ont montré de bons résultats (Jamet, 2016). La troisième étape qui fera l’objet de cette communication a été de recueillir des données, en applicant le même protocole à un public américain d’origine hispanique. 20 étudiants, à l’université de Long Beach, ont entendu les 200 mots français et les 200 mots italiens, et ils devaient pour chaque mot, donner le mot équivalent en espagnol ou en anglais au choix, l’hypthèse étant que l’espagnol serait prioritaire. Nous présenterons les résultats de cette expérimentation en la comparant avec les résultats européens, et nous réfléchirons au potentiel de revitalisation de l’apprentissage du français, à travers l’approche d’intercompréhension, pour un public qui a une langue d’héritage romane. References Anquetil, M. & Jamet, M-C. 2023. L’intercompréhension entre langues romanes dans le paradoxe langues proches / pays lointains : recherches et coopérations entre l’Europe et les Amériques. Repères DoRiF, n. 27 – 2021 l’Odyssée des langues. La distance dans la dynamique des plurilinguismes, DoRiF Università, Roma, Luglio. Bonvino, E. & Garbarino, S. 2022. Intercomprensione. Cesena: Caissa Italia. Caddéo, S. & Jamet, M-C. (2013). Intercompréhension: une autre approche dans l’enseignement des langues. Paris: Hachette. Calvo del Olmo, F., Degache, C. & Marchiaro, S. (2021)(Eds.). Fundamentos, prácticas y estrategias para la didáctica de la intercomprensión en América Latina Fundamentos, práticas e estratégias para a didática da Intercompreensão na América Latina. Córdoba, Indagaciones en Lenguas, Universidade Nacional de Córdoba. Donato, C., Cortés, D., Romero, M. (2019). Intercomprehension among Spanish heritage language speakers : L2 processing in Italian and Portuguese. Rivista di psicolinguistica applicate RIPLA, XIX–2: 67-89. Escudé, P. & Janin, P. (2010). L’Intercompréhension, clé du plurilinguisme. Paris: Clé International. Jamet, M-C. & Spita, D. (201). Points de vue sur l’intercompréhension : de definitions éclatées à la constitution d’un terme fédérateur. In C. Ferrao Tavares & C. Ollivier (eds), O conceito de Intercompreensāo, origem, evolução e definições, Revista de Rede Europeia sobre intercompreensão, 1, Chamusca, Edições Cosmos Jamet, M-C. (2016). La reconnaissance de mots isolés à l’oral: expérience en miroir entre français et italien. In Aslanov, Capucho, Jamet, Cortes-Velasquez, De Carlo & Cararsco, Escoubas, Di Vito, Canu, Intercomprensione: lingue, processi e percorsi, Venezia, Edizioni Ca’ Foscari, vol. 1, pp. 59-80.
Kaminskaia, Svetlana (University of Waterloo) Hagar, Luke (University of Waterloo) Rythme phonétique en français laurentien fortement majoritaire et minoritaire vendredi 27 septembre – 11h00-11h30 – Stibbs (LBC 203) La variation prosodique en français canadien reçoit dernièrement beaucoup d’attention, souvent avec l’objectif d’observer l’effet du contact avec l’anglais. Les études du rythme phonétique montrent que les variétés majoritaires et minoritaires ont un rythme typiquement français et ne confirment donc pas l’effet du contact (Kaminskaia 2015, Kaminskaia et al. 2016, Tennant et Holmes 2023). La présente étude examine le rythme phonétique en français fortement majoritaire (ville de Québec, Québec) et fortement minoritaire (ville de Windsor, Ontario) en fonction d’un ensemble de facteurs extralinguistiques et linguistiques, y compris le style, l’âge, le sexe, la longueur des énoncés et le débit d’articulation. Nous cherchons à tester l’hypothèse de la discontinuité sociolinguistique en contexte fortement minoritaire (Nadasdi et Mougeon 1998) et de l’absence de l’effet du contact avec l’anglais dans deux styles de production orale – la parole spontanée et la lecture du texte. En utilisant les mesures rythmiques (%V, VarcoV et nPVI-V) et les valeurs du débit et de la longueur calculées pour chaque énoncé produit par 20 locuteurs, nous avons utilisé des modèles linéaires à effets mixtes et établi que le rythme phonétiques dans les contextes minoritaires et majoritaire montre la même sensibilité au style, à l’âge et au sexe des locuteurs, mais que la longueur des énoncés et le débit d’articulation, bien qu’entraînant les mêmes tendances, agissent plus fort dans la variété majoritaire. Notre étude soutient que le rythme phonétique en contextes fortement majoritaire et minoritaire est typiquement français dans deux styles de parole, tout en précisant que les variétés diffèrent dans d’autres aspects qui ont rapport au rythme et en contribuant ainsi à la description phonétique des variétés laurentiennes du français canadien. Références Kaminskaia, S. (2015). L’apport du débit à l’étude du rythme phonétique à l’aide des mesures rythmiques: une étude de deux variétés du français laurentien. Faits de langues 45 : 161-185. Kaminskaia, S., Tennant, J. & Alexander, R. (2016). Prosodic rhythm in Ontario French. Journal of French Language Studies 26(2): 183-208. Tennant, J. & Damaris, H. (2023). Rythme prosodique dans le français et l’anglais des francophones du Nord-Est de l’Ontario. In A. Barysevich, F. Arroyas & M. Irvine (Eds). Perspectives sociolinguistiques variationnistes du français en situation de contact des langues. Mélanges en hommage à Alain Thomas. Nouvelle Revue Synergies Canada 17. https://journal.lib.uoguelph.ca/index.php/nrsc/article/view/7279/6965
Kaminskaia, Svetlana (Université de Waterloo) Poiré, François (Université Western Ontario) Style et intonation dans deux variétés du français canadien vendredi 26 septembre – 11h30-12h00 – Stibbs (LBC 203) La prosodie des variétés canadiennes du français reçoit dernièrement de l’attention (Ménard 1998, Tennant et al. 2022, Tremblay 2007 parmi d’autres). Cependant, la variation stylistique constitue une lacune. Nous examinons ici l’intonation dans le style de lecture et en parole spontanée chez huit locuteurs de deux variétés laurentiennes – québécoise (ville de Québec) et ontarienne (région de Windsor). En adoptant l’approche de Jun & Fougeron pour l’analyse intonative (2002) et en utilisant Praat (Boersma & Weenink 2024) pour l’analyse acoustique, nous concentrons notre analyse sur l’unité prosodique minimale – le Syntagme Accentuel (SA) – et comparons entre les deux styles et les deux régions la longueur des SA, le débit d’articulation, l’inventaire des contours intonatifs, et, à partir des données des SA individuels, la F0 moyenne, son étendue, et ses modulations. Les résultats préliminaires révèlent des similarités et des différences entre les variétés et les styles. Les mêmes types de contours montants et descendants les plus fréquents sont propres aux deux variétés et aux deux styles. Dans les deux régions, les SA sont plus longs et le débit est plus lent dans la lecture que dans le spontané. Dans le spontané, Québec a plus de montées mélodiques, alors que Windsor a beaucoup plus de contours descendants. Finalement, dans les deux régions, la F0 est plus haute dans la lecture, alors que les modulations et l’étendue sont plus grandes dans la lecture à Québec et dans le spontané à Windsor. Nos résultats préliminaires vont en partie de pair avec les observations antérieures relatives à la variation stylistique sur d’autres langues et certaines variétés de français (De Ruiter 2015, Howel & Kadi-Hanifi 1991, Szmidt 1968). Les particularités du français de Windsor pourraient s’expliquer par le contact intensif avec l’anglais et le défi que la lecture semble présenter aux locuteurs dans le milieu fortement minoritaire.
Oliver Mayeux (University of Cambridge) Pratiques langagières dans le sud-ouest de la Louisiane au début du XXe siècle jeudi 26 septembre – colloquium 9h00-10h30 – Stibbs (LBC 203) Au cours des premières décennies du XXe siècle, la société créole dans le sud-ouest de la Louisiane a connu une période de transition marquée par une américanisation intensive impliquant l’imposition de l’anglais et du régime de ségrégation raciale «Jim Crow». Cette présentation vise à explorer l’histoire de pratiques langagières dans cette région à ce point de bascule, où se côtoyaient le créole et le français louisianais ainsi que l’anglais, afin d’éclairer davantage la variation et le changement linguistique en Louisiane franco- et créolo-phone. Cette étude repose sur l’analyse des données linguistiques et ethnographiques recueillies dans la Paroisse Saint-Martin à travers le XXe siècle (e.g. Fortier 1891; Trappey 1916; Lane 1934; Morgan 1959; Tentchoff 1977; Neumann 1985). Le corpus de données orales comprend des enregistrements de Morgan (1959), de Neumann (1985), et des données des années 1930 jusqu’à présent non analysées. La comparaison quantitative de données orales historiques et contemporaines fournit un aperçu diachronique sur la question de décréolisation du créole louisianais de cette région. Les données historiques montrent qu’au centre urbain de Saint-Martinville des pratiques multilectales ont prévalu jusqu’aux années 1950 (Morgan 1970). Les créolophones utilisaient vraisemblablement quelques variantes francisantes à des fins stylistiques. Ce choix entre les formes créoles et françaises semble avoir un rapport avec le genre et le status racial des locuteurs ainsi que le registre. Aujourd’hui l’utilisation de ces formes francisantes en créole semble dépourvue de sens social en raison de l’évolution des normes sociales, l’étiolement de réseaux sociaux traditionnels et la dominance socio- et psycholinguistique de la langue anglaise. Au cours de quelques générations seulement, l’attrition de la compétence (socio)linguistique ainsi que l’acquisition divergente ont eu pour conséquence un taux élevé de variation neutre en créole louisianais (Wendte 2018; Mayeux à paraître). Références Fortier, A. 1891. The Acadians of Louisiana and their dialect. PMLA 6(1). 64. Lane, G. S. 1934. Notes on Louisiana-French: Spoken Standard French of St. Martinville. Language 10(4). 323. Mayeux, O. à paraître. Racial segregation and language variation in Louisiana Creole: Social meaning in language loss. Sociolinguistica 38(1). Morgan, R. Jr. 1959. Structural sketch of Saint Martin Creole. Anthropological Linguistics 1(8). 20–24. Morgan, R. Jr. 1970. Dialect Leveling in Non-English Speech of Southwest Louisiana. Glenn G. Gilbert (ed.), Texas Studies in Bilingualism. Berlin: De Gruyter. Neumann, I. 1985. Le créole de Breaux Bridge, Louisiane: étude morphosyntaxique, textes, vocabulaire. Hamburg: Helmut Buske Verlag. Tentchoff, D. 1977. Speech in a Louisiana Cajun Community. Cleveland, OH: Case Western Reserve University. Trappey, A. S. H. 1916. Creole Folklore in Phonetic Transcription. Louisiana State University and Agricultural & Mechanical College. Wendte, N. A. 2018. La variation linguistique « neutre » en créole louisianais au Texas. Les français d’ici, Université Concordia de Montréal.
Kokx, Laetitia (Michigan State University) Accents régionaux et discrimination : enjeux identitaires et insécurité linguistique attribuables aux mécanismes d’établissement des idéologies dans la France contemporaine mercredi 25 septembre – 14h00-14h30 – Stibbs (LBC 203) Dans la France contemporaine, l’accent est un marqueur identitaire et peut devenir un critère de discrimination (Meyer, 2011) répondant à des dynamiques spécifiques reconnues sous le nom de glottophobie (Blanchet, 2016). Celle-ci s’établit au travers de mécanismes complexes qui contribuent à renforcer l’idéologie centralisatrice et monolingue (Gasquet-Cyrus, 2012) en France sur la langue légitime, c’est-à-dire la prétendue « langue standard ». Les accents régionaux n’échappent pas à ce dessin et restent source d’insécurité linguistique chez beaucoup. En s’appuyant sur les histoires relatées dans le documentaire Avec ou sans accent (Desombre, 2015), cette étude explore les moyens par l’intermédiaire desquels les idéologies sur la langue s’établissent. En complément, les enjeux identitaires et linguistiques des accents régionaux à l’échelle individuelle sont analysés. Pour cela, on offrira premièrement un aperçu qui permettra de situer la recherche en définissant les concepts clés de la glottophobie et de l’idéologie de la langue standard (Lippi-Green, 2012). Sur la base du documentaire, on se penchera ensuite sur le rôle de l’école et des médias dans la diffusion de cette discrimination, montrant comment ces représentations prennent racine dans l’inconscient collectif. Finalement, on analysera les commentaires publics en ligne adressés en réponse au documentaire pour les relier avec les témoignages recueillis dans celui-ci, illustrant ainsi comment l’acceptation tacite et globale de ce système mène à une évidente insécurité linguistique et comment les accents régionaux deviennent souvent un enjeu crucial et un instrument de réussite ou d’échec social·e. Par conséquent, cette contribution mettra en relief la complexité des effets de ces dynamiques sociales et institutionnelles au niveau identitaire individuel, notamment chez ceux rejetant l’idéologie centralisatrice. La présente étude réitère ainsi l’appel à une plus vaste inclusion de la variation et diversité linguistique française, y compris en contexte pédagogique, afin de lutter activement contre une glottophobie déjà trop normalisée. Références Blanchet, P. (2016). Discriminations: Combattre La Glottophobie. Textuel, coll. Petite Encyclopédie critique. Desombre, V. (2015). Avec ou sans accent ? YouTube. Retrieved from https://www.youtube.com/watch?v=qO1QNSOm07c. Gasquet-Cyrus, M. (2012). La discrimination à l’accent en France : idéologies, discours et pratiques. (C. Trimaille & J.-M. Eloy, Eds.).“Idéologies Linguistiques et Discriminations”. Carnets d’Atelier de Sociolinguistique, 6, 227–245. Lippi-Green, R. (2012). English with an accent. Routledge. Meyer, J. (2011). Accents et discriminations : Entre variation linguistique et marqueurs identitaires. Cahiers Internationaux de Sociolinguistique, N° 1(1), 33–51.
Krämer, Philipp (Vrije Universiteit Brussel) Language Making of French-based Creoles: Colonial Ideologies and the Decolonial Dilemma jeudi 26 septembre – 17h00-17h30 – Race (LBC 201) This paper adopts the framework of Language Making do describe efforts of recognition for French-based Creole languages in postcolonial societies. The concept of Language Making refers to ‘processes in which imagined linguistic units are constructed and perceived as ‘a language’, ‘a dialect’ or ‘a variety’ [with] clear-cut boundaries.” (Krämer, Vogl & Kolehmainen 2022, 3; cf. also Makoni & Pennycook 2005). Such boundaries are drawn with the help of structural and functional norms, i.e., the selection of preferred intralinguistic forms and the attribution of domains of use. Several cases of Language Making for Creoles will illustrate the two dimensions of normativity (Krämer, Mijts & Bartens 2022): (a) the constitutional and legal frameworks of Creole-speaking nations such as Haiti and Seychelles as compared to language policy in France (b) the standardisation of Caribbean and Indian Ocean Creoles (c) Creoles as a medium and subject of education in Mauritius and French Overseas territories In an effort of decolonisation, shifts in structural and functional norms are supposed to attribute increased value and use to the marginalised languages (Pyndiah 2016). The paper highlights the underlying language ideologies in such efforts of Language Making. Decolonial approaches to standardisation or recognition of Creoles frequently continue to draw on ideological notions that were established within European linguistic cultures and colonial regimes. Specifically, national language ideology and standard language ideology are mobilised as driving forces behind the promotion of Creole languages (Hüning & Krämer 2018). Consequently, Creole-speaking communities face the challenge of a ‘decolonial dilemma’: On the one hand, constructing boundaries is necessary to limit the dominance of colonial languages in the society and create spaces for the use of Creole. On the other hand, attempts to overcome marginalisation through the ideological construction of normative boundaries entails a risk of transposing colonial ideology on intra-Creole norms and of creating new effects of privilege or exclusion within the communities. References Hüning, M. & Krämer, P. (2018): Standardsprachenideologie als Exportprodukt – Zur Rolle europäischer Standardsprachen in postkolonialen Kontexten. In: B. Kellermeier-Rehbein, M. Schulz & D. Stolberg (éds.): Sprache und (Post)Kolonialismus – Linguistische und interdisziplinäre Aspekte. Berlin: De Gruyter. 1-24. Makoni, S. & Pennycook, A. (2005): (Re)Constituting Languages. Critical Inquiry in Language Studies 2 (3). 137-156. Krämer, P., Mijts, E. & Bartens, A. (2022): Language Making of Creoles in Multilingual Postcolonial Societies. International Journal of the Sociology of Language 274. 51-82. Krämer, P., Vogl, U. & Kolehmainen, L. (2022): What is Language Making? International Journal of the Sociology of Language 274. 1-21. Pyndiah, G. (2016): Decolonizing Creole on the Mauritius islands: Creative practices in Mauritian Creole. Island Studies Journal 11(2). 485-504.
Lazar, Jan (Université d Ostrava/d’Opole) La lutte contre les anglicismes dans l’espace francophone : le cas de la politique linguistique en France et au Canada jeudi 26 septembre – 15h00-15h30 – Rechler (LBC 202) L’objectif de cette communication est d’examiner la dynamique de rivalité entre les anglicismes et leurs équivalents recommandés par les autorités politiques et linguistiques en France et au Québec, ainsi que leur représentation dans des outils linguistiques tels que les dictionnaires de langue générale, les bases de données de presse, et des plateformes analytiques telles que Néoveille et la famille de corpus Aranea. Cette étude met en lumière le combat entre l’intégration des emprunts anglais et les efforts de francisation, soulignant les enjeux de cette concurrence dans le paysage linguistique contemporain. Notre démarche méthodologique, structurée en plusieurs phases, débute par la présentation d’un cadre théorique dédié à la politique linguistique, complété par la présentation des résultats des études menés précédemment au sein des groupes de recherche sur la néologie, et suivi d’une description de notre corpus composé d’anglicismes ayant reçu des recommandations officielles sur sites d’instances officielles telles que le FranceTerme ou Le Grand dictionnaire terminologie. L’analyse se concentre sur la mesure de la présence et de la fréquence des termes anglais face à leurs équivalents français dans des outils linguistiques déterminés, mettant en évidence les zones de tension et de compétition entre ces éléments linguistiques. Nous examinerons spécifiquement comment les anglicismes et leurs homologues recommandés se manifestent dans des dictionnaires, des archives de presse et sur Internet, avec une attention particulière à la plateforme Néoveille et au corpus Aranea permettant de mesurer la diffusion des termes sur les territoires francophones distincts. Cette recherche vise à dévoiler les stratégies d’adoption et de résistance aux anglicismes, évaluant l’impact des recommandations officielles dans ce duel linguistique. En conclusion, la communication proposera une synthèse des résultats, révélant les dynamiques de rivalité et les implications pour la politique linguistique et la pratique langagière, enrichissant ainsi notre compréhension des défis de la globalisation linguistique.
Leavitt, Emily Brooke (Université de Sherbrooke) Remixer l’analyse du discours et le contact des langues : idéologies vers le multilinguisme dans les trois sphères discursives du rap québécois jeudi 26 septembre – 11h00-11h30 – Stibbs (LBC 203) La situation actuelle de contact des langues à Montréal suscite de l’intérêt et la circulation d’idéologies linguistiques dans le discours social, politique et médiatique. En témoignent les réactions au recensement canadien de 2021 qui révèle une baisse du français comme langue maternelle et une présence accrue de langues non officielles (Statistique Canada 2023). Des recherches récentes ont signalé la diversification du français québécois vernaculaire en progression dont le résultat est l’émergence à Montréal d’un pôle normatif qui se distingue de celui délocalisé à travers le Québec par l’ influence du contact des langues dans la métropole (Blondeau et Tremblay 2016 ; Blondeau 2020). Nous avons corroboré de la déviation entre ces pôles au sein des usages paroliers d’artistes rap québécois du corpus « RapKeb21 » (Leavitt 2022), un genre à caractère vernaculaire, dans deux cas de variation lexicale entre fait que et so et de variation morphologique de flexion des verbes empruntés de l’anglais vers le français. L’objectif de cette étude est d’examiner les représentations du multilinguisme et des idéologies linguistiques à leur égard dans les trois sphères discursives d’artistes, de médias et d’auditoire du rap québécois. Pour le faire, nous combinons l’analyse du discours réactionnaire à la chanson Montréal $ud (2013) du groupe Dead Obies au sein de deux sous-corpus de 90 articles de journaux montréalais et de 1122 commentaires YouTube et l’observation empirique du multilinguisme et des phénomènes de contact réels dans les paroles de cette chanson. Nos analyses révèlent d’abord une divergence fulgurante entre la prédominance d’idéologies monolingue et standardisante dans le discours médiatique et la valorisation de diversité linguistique chez les artistes et, ensuite, un taux de multilinguisme de 32% (n = 367/1154) au sein des paroles. Nos résultats mettent en évidence la place du multilinguisme dans la culture populaire montréalaise ainsi que le conflit idéologique qui l’entoure. Références Blondeau, H. (2020). Pratiques langagières et diversité culturelle chez de jeunes Montréalais : le français dans la métropole. Dans K. Reinke (dir.), Attribuer un sens. La diversité des pratiques langagières et les représentations sociales (pp. 151-176). Presses de l’Université Laval. Blondeau, H. & Tremblay, M. (2016). Le traditionnel et l’émergent: l’apport de jeunes Montréalais issus de l’immigration au français vernaculaire. Cahiers internationaux de sociolinguistique, 10(2), 19-45. Dead Obies. (2013). Montréal $ud [Chanson]. Sur Montréal $ud [Album]. Third Side Music; Bonsound. Leavitt, E. B. (2022). De la variation linguistique dans le rap québécois. Une étude sociolinguistique. Mémoire de maîtrise, Université Concordia, Montréal. Spectrum. https://spectrum.library.concordia.ca/id/eprint/991396/1/Leavitt_MA_S2023.pdf Statistique Canada. 2023. (Tableau). Profil du recensement, Recensement de la population de 2021, produit nº 98-316-X2021001 au catalogue de Statistique Canada. Ottawa. Diffusé le 15 novembre 2023. https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2021/dp-pd/prof/index.cfm?Lang=F
Lemaire, Eva (University of Alberta) Théories post/décoloniales et recherches en didactique du français : réflexions sur un dispositif d’éveil aux langues des Métis jeudi 26 septembre – 17h00-17h30 – Rechler (LBC 202) En 2009, Papen titrait un de ses articles La question des langues des Mitchifs, un dédale sans issue? L’article soulignait à la fois la complexité et la fragilité des langues traditionnelles des Métis du Canada, en tant que langues autochtones menacées d’extinction (Canadian Geographic, 2018). Qu’en est-il 15 ans plus tard? En quoi les initiatives récentes pour appuyer la revitalisation de ces langues peuvent-elles nous amener à repenser les rapports de pouvoir impliqués dans l’enseignement des langues coloniales et des langues mixtes, et repenser la manière dont on s’en saisit en didactique des langues? En nous basant sur les travaux d’universitaires autochtones (Iseke, 2013 ; Nahwillet Meissner, 2018), ainsi que sur le projet de recherche-action que nous avons mené en collaboration avec des Ainés Métis pour amener diverses variétés de michif dans les écoles francophones au Canada (AUTEUR, 2021a, 2021b), on discutera de la manière dont le processus de décolonisation de la recherche (Thambinathan & Kinsella, 2021) nous a permis de poser un regard renouvelé sur la didactique du français et sur les approches plurielles mobilisées (Candelier et al., 2012), dans un contexte sociétal de réconciliation avec les peuples autochtones (Madden, 2019) Après avoir rapidement présenté le contexte de la recherche et sa mise en œuvre dans les écoles de l’ouest canadien, on discutera des changements de paradigmes opérés pour ancrer l’éveil au(x) michif(s) dans le champ de l’éducation à la justice sociale, en lien avec le mouvement de décolonisation de l’éducation, au-delà du champ de la linguistique appliquée. On abordera en particulier les questions suivantes : quel est le rôle des enseignants de français dans la revitalisation des langues autochtones parlées par les Métis? Comment les représentations quant au français comme langue coloniale et aux michifs peuvent-elles nous amener à reproduire une violence coloniale ou au contraire à nous positionner en solidarité avec les communautés autochtones pour ce qui est de la revitalisation de leurs langues traditionnelles? Comment, ainsi, penser les rapports de pouvoir entre langues coloniales et langues autochtones dans le cadre d’un tel dispositif d’éveil aux langues? On discutera en conclusion des transferts possibles entre ce dispositif et les études portant les créoles dans le monde académique et éducatif francophone. Références Canadian Geographic (2018). Atlas des peuples autochtones du Canada. Les Métis. Société géographique royale du Canada. Candelier, M., Camilleri-Grima, A., Castellotti, V., de Pietro, J-F., Lőrincz, I., Meißner, F-J, Noguerol A. & Schröder-Sura, A. (2012). Le CARAP. Un Cadre de référence pour les approches plurielles, Compétences et Ressources. Graz : Centre européen pour l’enseignement des langues. Dion, S., Hilbert, J., Howse, C., Lemaire, E., Lothian, R. et McKenzie, A. (2021). Construire des ponts entre les communautés francophones et métisses par l’éveil aux langues: exemple d’un dispositif pédagogique proposé au primaire dans les écoles francophones et programmes d’immersion. Éducation et Francophonie. Vers l’autochtonisation : pratiques éducatives inspirantes à l’ère de la réconciliation. Éducation et Francophonie, 49, 32-51. https://doi.org/10.7202/1077000ar Iseke, J. (2013). Negotiating Métis culture in Michif: Disrupting Indigenous language shift. Decolonization: Indigeneity, Education & Society, 2(2), 92-116. Lemaire, E. (2021). Éveil aux langues, justice sociale et réconciliation avec les peuples autochtones: aperçu d’une recherche menée dans le contexte ouest-canadien. Babylonia Journal of Language Education, 1, 40-46. https://babylonia.online/index.php/babylonia/issue/view/12 Madden, B. (2019). A de/colonizing theory of truth and reconciliation education. Curriculum Inquiry, 49(3), 284-312. DOI: 10.1080/03626784.2019.1624478 Nahwillet Meissner S. (2018). The moral fabric of linguicide: un-weaving trauma narratives and dependency relationships in Indigenous language reclamation. Journal of Global Ethics, 14 (2), 266-276 Papen, R. (2009). La question des langues des Mitchifs : un dédale sans issue ?. Dans D. Gagnon, D. Combet & L. Gaboury-Diallo (dir.), Histoires et identités métisses : hommage à Gabriel Dumont / Métis Histories and Identities : A Tribute to Gabriel Dumont, Winnipeg (pp. 253-276). Presses universitaires de Saint-Boniface. Thambinathan, V., & Kinsella, E. A. (2021). Decolonizing Methodologies in Qualitative Research: Creating Spaces for Transformative Praxis. International Journal of Qualitative Methods, 20. https://doi.org/10.1177/16094069211014766
Lindqvist, Christina (Göteborgs Universitet) Ramnäs, Mårten (Göteborgs Universitet) Morphological awareness in L2 French – What are the implications for vocabulary teaching? mercredi 25 septembre – 12h00-12h30 – Rechler (LBC 202) Morphological awareness, i.e., the ability to recognize and manipulate morphemes (Carlisle, 1995), is an important part of linguistic competence. Previous research on first language (L1) acquisition indicates that morphological awareness is associated with several different aspects, such as reading ability and vocabulary knowledge (Carlisle & Fleming, 2003). For L1 French, prior studies have primarily examined morphological awareness among young learners, with Colé and colleagues showing that morphological awareness is related to listening comprehension (e.g. Colé et al. 2018) and vocabulary knowledge (Colé et al. 2004). Some studies have also been conducted on morphological awareness in L2 acquisition (e.g. Kieffer & Lesaux, 2012, on L2 English), but research on L2 learners of French is scarce. The aim of the present study is to fill that gap, by examining morphological awareness and how it is related to vocabulary knowledge among Swedish university students of L2 French. Morphological awareness was measured in tests developed by Colé et al. (e.g. 2004). Because the tests were developed for native speakers of French, they were slightly modified for the purposes of this study. In brief, morphological awareness was tested in writing in exercises tapping into receptive knowledge. In addition, in order to capture learners' reflections on morphology, think-aloud protocols were used. Vocabulary knowledge was measured by the Test de la Taille du Vocabulaire (Batista & Horst, 2016), which taps into the 10 000 most frequent lemmas in the French language. The results indicate that a more developed morphological awareness is related to a larger vocabulary (cf. Kieffer & Lesaux, 2012). These results will be discussed from a pedagogical point of view, and it will be argued that the morphology of words should be introduced in vocabulary teaching at an early stage. References Carlisle, J. F. (1995). Morphological awareness and early reading achievement. In L. B. Feldman (Ed.), Morphological aspects of language processing (pp. 189-209). Hillsdale: NJ: Erlbaum. Carlisle, J. F., & Fleming, J. (2003). Lexical processing of morphologically complex words in the elementary years. Scientific Studies of Reading, 7, 239-253. Colé, P., Royer, C., Leuwers, C. & Casalis, S. (2004). Les connaissances dérivationnelles et l’apprentissage de la lecture chez l'apprenti-lecteur français du C.P. au C.E.2. L'Année Psychologique, 104, 701-750. Colé P, Cavalli E, Duncan LG, Theurel A, Gentaz E, Sprenger-Charolles L and El-Ahmadi A. (2018). What Is the Influence of Morphological Knowledge in the Early Stages of Reading Acquisition Among Low SES Children? A Graphical Modeling Approach. Frontiers in Psychology 9:547. doi: 10.3389/fpsyg.2018.00547 Kieffer, Michael J. & Lesaux, Nonie K. (2012). Development of morphological awareness and vocabulary knowledge in Spanish-speaking language minority learners: A parallel process latent growth curve model. Applied Psycholinguistics 33 (2012), 23–54.
Lydner, Rashana Vikara (University of Virginia) Tapping into Global Blackness: The role of Creole languages in dancehall music jeudi 26 septembre – 16h30-17h00 – Race (LBC 201) Focusing on the diffusion of dancehall music and culture to the French overseas department of Guiana, this paper is situated amidst previous research on multilingualism, code-switching, and the global flows of popular culture (Akande 2013; Alim, Ibrahim, & Pennycook 2009; Bentahila & Davies 2002; Davies & Bentahila 2008; Pennycook 2006, 2010; Sarkar et al. 2005; Sarkar & Winer 2006). The global diffusion of dancehall has contributed to the prominence and valorization of Creole language varieties in Caribbean popular culture. Therefore, this paper examines the contact between two Creoles in order to underscore how the regional and global flow of Black languages have become linguistic capital. Many scholars have highlighted how code-switching, code-mixing, and multilingualism function as mechanisms used to globalize and localize artists and their music. The dancehall duo Bamby and Jahyanaï exemplify this through their use of Jamaican Creole and French Guianese Creole. The duo incorporates both Creoles in their songs, enabling them to tap into and reach global Black audiences beyond the dominance of Global Blackness coming from North America. Jamaican Creole allows them to speak simultaneously to a global and regional audience who identify with Jamaican music and culture: anglophone Caribbean countries, their diaspora and other dancehall listeners across North America, Europe, Asia, and West Africa. Additionally, the duo’s use of French Guianese Creole allows them to claim authenticity as true French Guianese lokal artists. Furthermore, the use of French Guianese Creole allows them to target the French Creole speaking islands in the Caribbean and Indian Ocean as well as their diaspora in the mainland France.
Martineau, France (Université dÓttawa, Ontario) Tailleur, Sandrine (Université du Québec à Chicoutimi) La variation tolérable : diffusion du changement chez l’élite québécoise au XIXe siècle Au Québec, la période qui va de la seconde moitié du XIXe s. à l’entre-deux-guerres connaît de profonds changements politiques et culturels : isolement puis reprise des liens avec la France (Linteau et al., 2017), contact accru avec l’anglais, émergence d’un discours métalinguistique (Remysen, 2012), exode d’une partie de la population vers les États-Unis (Roby, 2000). Ces bouleversements engagent résolument le Québec dans la modernité. Notre communication s’inscrit en sociolinguistique historique, sur les enjeux méthodologiques et théoriques de la variation et du changement en français nord-américain. À partir de l’examen de quatre corpus québécois de correspondances familiales par des élites régionales (8 scriptrices), nous démontrons la participation de la petite et moyenne bourgeoisie (Martineau 2014, Tailleur et Rouillard, 2020, Saint-Amant Lamy, 2021) à la dynamique sociolinguistique du français québécois. Nous faisons l’hypothèse que les usages de la bourgeoisie québécoise présentent une variation tolérable, au sens qu’ils présentent une accommodation à la norme française tout en s’en écartant par des traits non saillants. Nous examinons la composante morphosyntaxique (pronoms simples et renforcés vous/vous autres; pronoms sujets on et nous pour exprimer la 1re personne du pluriel; futur simple et périphrastique je partirais/vais partir, périphrases progressives être en train de/être à/être après) et lexicale dont certains régionalismes (par ex., noms des repas déjeuner, dîner et souper, place « lieu », soulier « chaussure »). Nous posons que ces traits moins stigmatisés sont en usage chez la petite bourgeoisie, notamment chez les femmes, qui deviennent des « early adopters » (Milroy et Milroy, 2009) de ces traits et participent à leur diffusion et à l’émergence d’une spécificité du français québécois. La mobilité accrue avec la Première guerre mondiale aurait accéléré le changement linguistique, amorcé au 19e s., une fois implanté et acquis chez ce groupe social le changement dans certaines constructions. Références Linteau, P-A., Frenette, Y. & Le Jeune, F. (2017)(Eds). Transposer la France : l’immigration française au Canada (1870-1914). Montréal: Boréal. Martineau, F. (2007). Variation in Canadian French usage from the 18th to the 19th century. Multilingua 26 (2-3): 203-227. Martineau, F. (2014). L’Acadie et le Québec : convergences et divergences », Minorités linguistiques et société 4: 16-41. Milroy, J. & Milroy, L. (2009). Network structure and linguistic change. Dir. N. Coupland & A. Jaworski, The new sociolinguistics reader. New York: Palgrave Macmillan, pp. 92-118. Poplack, S. & St-Amand, A. (2009). Les Récits du français québécois d’autrefois : reflet du parler vernaculaire du 19e siècle. Canadian Journal of Linguistics/Revue canadienne de linguistique, 54 (3): 511-546. Remysen, W. (2012). Les représentations identitaires dans le discours normatif des chroniqueurs de langage québécois. Journal of French Language Studies 22(3): 419-444. Saint-Amant L., H. (2021). Un déclin différé : trajectoires de deux traits conservateurs du français québécois au cours du 20e siècle. Linx 82 (en ligne). Roby, Y. (2000), Les Franco-Américains de la Nouvelle-Angleterre : rêves et réalités. Sillery: Septentrion. Tailleur, S. & Rouillard, M-È. (2020). Écrire à Saguenay au début du XXe siècle : adaptation sociale et accommodation linguistique. Dir. F. Martineau & W. Remysen, La parole écrite, des peu-lettrés aux mieux-lettrés : études en sociolinguistique historique. Strasbourg: Éditions de linguistique et de philologie, pp. 31-50.
Klingler, Thomas (Tulane University) Le créole dans le contexte plurilingue de la Nouvelle-Orléans au tournant du 20e siècle jeudi 26 septembre – colloquium 9h00-10h30 – Stibbs (LBC 203) Dans cette communication je fais état de ce qui est à ma connaissance la plus ancienne documentation sonore du créole de Louisiane: l’enregistrement d’entretiens menés en 1937 par l’ethnologue John Lomax auprès de quelques habitants âgés d’un quartier créole de la Nouvelle-Orléans. En parlant créole et anglais et en chantant des chansons de leur enfance en français, en créole de Louisiane et en créole d’Haïti, ces témoins ouvrent une fenêtre sur la nature du créole de la Nouvelle-Orléans -- variété par ailleurs très peu documentée -- ainsi que sur la situation sociolinguistique dans cette ville pendant la seconde moitié du 19e siècle. Pour ce qui est de la langue créole de la Nouvelle-Orléans, en plus d’établir qu’il continuait à se parler au moins jusqu’au milieu du 20e siècle, cet enregistrement confirme certaines particularités de cette variété par rapport à celles, mieux documentées, des régions plus rurales de la Louisiane (Neumann 1985, Valdman et al. 1998, Klingler 2003), tel le r dorsal (plutôt qu’apical). Il permet d’établir également que l’emploi des voyelles antérieures arrondies [y], [ø], [œ], absentes des textes en créole du 19e siècle mais fréquentes dans les variétés rurales du créole au 20e et 21e siècles, s’étendait aussi au créole parlé à la Nouvelle-Orléans. Tout en fournissant ces traces d’une variété disparue du créole louisianais, ces enregistrements jettent une lumière nouvelle sur le plurilinguisme d’un quartier historique de la Nouvelle-Orléans au tournant du 20e siècle, mettant en scène une population créole qui maitrise une large gamme de variétés langagières et qui préserve la mémoire de l’impact culturel et linguistique qu’a eu sur la ville l’immigration massive de St-Domingue, devenue Haïti, au début du 19e siècle. Références Klingler, T. A. 2003. If I could turn my tongue like that: the Creole language of Pointe Coupee Parish, Louisiana. Baton Rouge & London: Louisiana State University Press. Neumann, I. 1985. Le créole de Breaux Bridge, Louisiane. Hamburg : Buske. Valdman, A. et al. 2010. Dictionary of Louisiana French : as spoken in Cajun, Creole, and American Indian communities. Jackson: University Press of Mississippi.
Mcneill, Joshua (University of Georgia) L’expression des divisions raciales dans les pronoms sujets de la troisième personne au pluriel en français louisianais jeudi 26 septembre – 12h00-12h30 – Race (LBC 201) Cette communication présente un examen de l’expression de la race dans le parler de ethnies en Louisiane: les Créoles et les Cadiens. Le rôle que joue la race dans leurs définitions a changé au fil du temps où, aujourd’hui, le système racial binaire des États-Unis en général (Perea, 1997) est superposé sur ces catégories pour que l’on comprenne les Créoles comme noirs et les Cadiens comme blancs (Giancarlo, 2019). On peut appeler un tel changement un cas de récursivité fractale (Irvine & Gal, 2000). Les langues traditionnelles de ces deux groupes sont le créole et le français louisianais (dit le français cadien). Malgré les glossonymes, elles ne correspondent pas nettement à ce que les locuteurs de chaque ethnie parlent, et même les frontières entre les deux langues sont souvent brouillées (Klingler, 2005). Cette étude analyse donc les pronoms sujets de la troisième personne au pluriel afin d’identifier si et dans quelle mesure les divisions raciales associées avec ces catégories ethniques s’expriment aussi dans l’usage des pronoms. Les données ont été recueillies en faisant des interviews sociolinguistiques avec 33 Créoles et Cadiens. Les participants ont été codés pour leurs ethnicités, leurs races et leurs genres, ainsi que d’autres facteurs socio-économiques. Pour chaque occurrence d’un pronom, on a noté le type du verbe suivant et le verbe même. Enfin, une régression logistique a été effectuée pour déterminer les facteurs qui influencent la réalisation des pronoms. Les impressions initiales suggèrent que l’ethnicité et la race sont fortement associées, et même si l’ethnicité et le choix de pronom se correspondent bien, le lieu de naissance est probablement un facteur important, sinon plus important, aussi. On attend donc que les divisions noir-blanc qui existent dans les définitions de ces groupes ne se présentent pas forcément dans les pronoms sujets même si la récursivité fractale est en jeu. Références Giancarlo, A. (2019). “Don’t call me a Cajun!”: Race and representation in Louisiana’s Acadiana region. Journal of Cultural Geography, 36(1), 23–48. https://doi.org/10.1080/08873631.2018.1500088 Irvine, J., & Gal, S. (2000, February). Language Ideology and Linguistic Differentiation. In P. V. Kroskrity (Ed.), Regimes of Language: Ideologies, Polities, and Identities (pp. 35–83). School for Advanced Research Press. Klingler, T. A. (2005). Le problème de la démarcation des variétés de langues en Louisiane: Étiquettes et usages linguistiques. In A. Valdman, J. Auger, & D. Piston-Hatlen (Eds.), Le français en Amérique du Nord: État-présent (pp. 349–367). Presses de l’Université Laval. Perea, J. F. (1997). The Black/White Binary Paradigm of Race: The ”Normal Science” of American Racial Thought: California Law Review. California Law Review, 85(5), 1213–1258. https://doi.org/10.2307/3481059
Molokopeeva, Tatiana (Université du Québec à Montréal) Simard, Daphnée (Université du Québec à Montréal) Que nous dit l’autorégulation du discours sur la forme en français L2 à propos des fonctions exécutives? jeudi 26 septembre – 11h00-11h30 – Rechler (LBC 202) La relation entre l’autorégulation du discours lors de la production orale en L2 et des variables cognitives est étudiée depuis des années. En effet, les résultats des études antérieures montrent une association entre cette autorégulation observable par la production d’autoreformulations autoamorcées (désormais ARAA) et la capacité attentionnelle et de mémoire de travail (p.ex., Mojavezi et Ahmadian,2013; Simard et coll.,2016). Or, aucune étude antérieure n’a examiné le lien entre les ARAA et les trois fonctions exécutives, d’alternance, de mise à jour et d’inhibition (Miyake et coll.,2000). Ainsi, notre étude visait à combler cette lacune. Quarante-neuf (n=49) apprenants du français L2 et locuteurs natifs du russe (Mâge =41) ont pris part à l’étude. Une tâche de narration à partir d’images a été utilisée pour observer les ARAA. L’alternance a été évaluée à l’aide de Trail Making Test (Reitan,1958), la mise à jour a pour sa part été mesurée au moyen de la tâche d’un nombre le plus élevé (Oakhill et coll.,2011) et l’inhibition, à l’aide du Victoria Stroop Test (Regard,1981). Les séquences d’ARAA ont été identifiées selon l’élément langagier visé, soit la forme (p.ex., modifications du genre, du nombre, de la conjugaison) ou encore le discours (p.ex., choix de mots). Deux groupes ont été créés sur la base de leur production d’ARAA visant la forme : Groupe 1 avec un ratio plus élevé d’ARAA visant la forme et Groupe 2 avec un ratio moins élevé. Les résultats montrent que les participants du G1 sont ceux ayant effectué plus d’autorégulation sur leur discours de manière générale et que ces participants produisant plus d’ARAA visant la forme s’appuient davantage sur leur capacité de mise à jour. Ceux qui en produisent moins ont plutôt recours à leur capacité d’inhibition lors de l’autorégulation. Ces résultats seront discutés et des implications possibles seront présentées. Références Miyake, A., Friedman, N. P., Emerson, M. J., Witzki, A. H., Howerter, A., & Wager, T. D. (2000). The unity and diversity of executive functions and their contributions to complex “frontal lobe” tasks: A latent variable analysis. Cognitive Psychology, 41, 49–100. Mojavezi, A., & Ahmadian, M. J. (2013). Working memory capacity and self-repair behavior in first and second language oral production. Journal of Psycholinguistic Research, 43, 289–297. Oakhill, J., Yuill, N., & Garnham, A. (2011). The differential relations between verbal, numerical and spatial working memory abilities and children’s reading comprehension. International Electronic Journal of Elementary Education, 4, 83–106. Regard, M. (1981). Cognitive rigidity and flexibility: A neuropsychological study. Thèse de doctorat, Université de Victoria, Victoria, Canada. Reitan, R. (1958). Validity of the Trail Making Test as an indicator of organic brain damage. Perceptual and Motor Skills, 8, 271–276. Simard, D., Bergeron, A., Liu, Y.-G., Nader, M., & Redmond, L. (2016). Production d’autoreformulations autoamorcées en langue seconde : rôle de l’attention et de la mémoire phonologique. Revue canadienne des langues vivantes, 72, 183–210.
Najac, Sandra (Université de Hearst) Le créole haïtien à Montréal: un outil de gestion de l’altérité mercredi 25 septembre, 11h00-11h30 – Stibbs (LBC 203) La politique du Québec en matière d’immigration favorise la présence d’un nombre important de personnes qui viennent d’Haïti. Ces dernières amènent avec elles, au Québec, un bagage culturel et social dans lequel se retrouvent des traces du passé colonial d’Haïti, ancienne colonie française. Parmi ces traces, nous pouvons citer, entre autres, la dualité français/créole. Une dualité qui englobe des préjugés, de la discrimination, des perceptions négatives de soi et de l’insécurité linguistique. Ainsi, ce bagage culturel et social est chargé d’une mémoire de l’altérité (Montgomery et al. 2011)[1] parfois douloureuse. Par conséquent, les jeunes Québécois d’origine haïtienne de la deuxième génération, dotés d’une mémoire collective, familiale et individuelle, doivent composer avec les transmissions familiales et le contexte social de la société québécoise. Justement, une recherche menée dans un quartier montréalais auprès d’un groupe de jeunes de différentes origines, mais majoritairement d’origine haïtienne, permet de voir que de jeunes Québécois d’origine haïtienne s’approprient des transmissions familiales et collectives, comme le créole haïtien, jusqu’à en faire un outil de gestion de l’altérité. En effet, l’analyse qualitative des données -recueillies lors d’observation participante et d’entrevues individuelles- et la discussion des résultats permettent de constater que le créole haïtien se révèle être l’emblème d’un lien social entre de jeunes Québécois de différentes origines. Et, c’est ainsi qu’à travers l’utilisation symbolique de cette langue minoritaire et périphérique, les jeunes d’origine haïtienne se définissent et se situent en tant qu’acteurs sociaux dans la société québécoise. Référence Montgomery, C., Xenocostas, S., Rachédi, L. & Najac, S. (2011). «C’est des choses qu’on raconte»: Mémoire familiale, migration et continuités dans les histoires des familles immigrantes. Dans F. Kanouté, G. Lafortune (dir.) Familles d’origine immigrante: polysémie des pratiques sociales. Montréal: Presses de l’Université de Montréal.
Papen, Robert (Université du Québec à Montréal) La sauvegarde et la revitalisation d’un dialecte en péril : le français du Missouri jeudi 26 septembre – 15h30-16h00 – Rechler (LBC 202) L’un des plus anciens parlers français d’Amérique est sans doute le français du Missouri (FM) (souvent appelé ‘français paw-paw’) puisque les communautés du Pays des Illinois, telles Kahokia, Kaskaskia, Peoria, Vincennes, Prairie du Rocher, etc., remontent au Régime français de la fin du 17e siècle - début du 18e. Malheureusement, les études linguistiques qui s’y sont intéressées datent de plusieurs décennies (Miller 1930, McDermott 1930, Dorrance 1935, Carrière 1937, 1939, 1941a, b, Thogmartin 1970, Hyde Thomas 1979), à l’exception de l’analyse lexicale comparative de Vézina (2005). Dans cet exposé, je tracerai brièvement l’histoire de la communauté de Vieille Mine, Missouri, car c’est là où le FM a le plus longtemps perduré et c’est le parler de cette communauté qui a fait l’objet de toutes les études jusqu’à présent. C’est également là où se trouvent les efforts actuels de le sauvegarder, voire de le revitaliser. Je décrirai rapidement quelques caractéristiques du FM, soulignant tant celles qui existent ailleurs en Amérique que celles qui lui sont particulières. J’aborderai très brièvement le problème de filiation du FM. McDermott (op.cit), Dorrance (op.cit.), Carrière (op.cit.) et Vézina (op.cit) considèrent tous que le FM fait partie de la diaspora laurentienne, mais il semblerait que le français de Vieille Mine soit, de fait, quelque peu plus complexe car on sait que des milliers d’esclaves noirs créolisant de Saint-Domingue et de Louisiane y étaient venus travailler dans les mines dès le premier tiers du 18e siècle, ainsi que de nombreux immigrants venus directement de France. D’ailleurs Thogmartin (op.cit.) suggère que le FM serait à rapprocher au français louisianais plutôt qu’au laurentien. Je terminerai en discutant les nombreux efforts entrepris depuis quelques années ayant pour but de sauvegarder et même de revitaliser ce qui reste de ce parler ainsi que de sa culture tout à fait unique (Paulukaitis, s.d.). Références Carrière, J. M. 1937. Tales from the French folk-lore of Missouri. Evanston (IL) : Northwestern University Press. Carrière, J.M. 1939. Creole dialect of Missouri. American Speech 14( 2) : 1090-119. Carrière, J.-M. 1941a. The phonology of Missouri French : A historical study. The French Review 14(5) : 410-415. Carrière, J.-M. 1941b. The phonology of Missouri French : A historical study (Cont.). The French Review 14(6) : 510-515. Dorrance, W. 1935. The survival of French in the old district of Sainte-Genevieve. Columbia (MO) : The University of Missouri Press. Hyde Thomas, R. 1979. Some aspects of the French language and culture of Old Mines, Missouri. Thèse de doctorat, University of St. Louis. McDermott, J. F. 1941. A glossary of Mississippi Valley French. 1673-1850. St. Louis : Washington University Studies. New Series. Language and Literature, no 12. Miller, W. 1930. Missouri’s Paw-Paw French. The French Review 3(3) : 174-178. Paulukaitis, A. s. d. Creole French of Missouri/Illinois/Indiana (Paw-Paw French) Practice Group sur Facebook.com et Youtube.com. Thogmartin, C. Jr. 1970. The French dialect of Old Mines, Missouri. Thèse de doctorat. Ann Arbor (MI) : University Microfilms, Inc. Vézina, R. 2005. Correspondance et différenciation lexicales : le français du Missouri et le français canadien, dans Le français en Amérique du Nord. État présent, sous la direction de A. Valdman, J. Auger and D. Piston-Hatlen : 539-563. Québec : Les Presses de l’Université Laval.
Paul, Marc-Antoine (Université du Québec à Montréal) Sensibilité aux jurons en langue seconde : une étude sur l’attention et la compétence linguistique jeudi 26 septembre – 11h30-12h00 – Rechler (LBC 202) Une sensibilité à bien distinguer le vocabulaire vulgaire, comme des jurons, en seconde langue (L2) est cruciale pour éviter les malentendus avec des locuteurs natifs (LN) de cette L2 (Dewaele, 2010). Ces sensibilités peuvent s’observer via le niveau d’attention portée à une tâche (MacKay et al., 2004). En psycholinguistique, des études montrent que les jurons interfèrent avec l’attention des LN, créant ainsi une distraction qui ralentit la réalisation d’une tâche (Bertels et al., 2011; Schmidt & Saari, 2007). Sur la base de ces tâches, des études en L2 suggèrent que les apprenants avancés distinguent de manière équivalente les jurons par rapport aux LN de cette L2 (Eilola et al. 2007; Eilola & Havelka, 2010; Sutton et al., 2007). Toutefois, aucune recherche n’a observé si cette interférence varie en fonction du niveau de compétence en L2. Pour vérifier ce phénomène, 30 Latino-Américains ayant le français québécois (FQ) L2 et 25 LN du FQ ont été soumis à une tâche de distraction attentionnelle impliquant d’identifier rapidement des couleurs tout en ignorant des distracteurs, soit des jurons (Bertels & Kolinsky, 2015). Quinze jurons du FQ (Paul, 2022) et 30 mots neutres (Bonin et al., 2018) ont été utilisés. La compétence L2 a été mesurée avec un test-C (Renaud, 2010) afin de composer trois groupes (débutants, intermédiaires, avancés). Des ANOVA ont révélé que les jurons créaient significativement plus de distraction que les mots neutres chez les LN du FQ. Ces tests ont également montré que les capacités à soutenir l’attention diminuaient significativement avec l’augmentation du niveau de français L2, jusqu’à égaliser les résultats des LN. Ces résultats suggèrent que l’interférence causée par les jurons, et donc la sensibilité à les distinguer, varie en fonction du niveau de compétence en L2 et peut aboutir à des performances équivalentes à celles des LNs.
Pichette, Francois (Université Téluq) Leśniewska, Justyna (Jagiellonian University) Cruz Enríquez, Maura (Université Téluq) Attribution de genre en français langue seconde par les locuteurs d’allemand et de polonais vendredi 27 septembre – 11h30-12h00 – Race (LBC 201) Cette étude examine l’attribution du genre en français langue seconde (L2), par des apprenants adultes ayant l’allemand (N=1148) ou le polonais (N=955) comme langue maternelle (L1), avec une maîtrise du français variant de A1 à C2. La recherche compare trois facteurs ayant un impact sur l’attribution du genre : la tendance au masculin par défaut (Klassen & Liceras, 2014), le transfert de la L1 (Vanhove, 2017) et la forme des mots en L2 (Seigneuric et al., 2007 ; Velnić, 2020). Il s’agirait de la première étude à comparer l’impact relatif de ces trois facteurs. Nous le faisons en examinant l’attribution du genre en français L2, une langue dont le système de genre est difficile même pour les locuteurs natifs (Ayoun, 2018). Les participants ont complété un test comprenant 24 noms français présentés sous forme d’images avec des prononciations enregistrées, tirées de la base de données Lexique3 (New et al., 2004). Ils devaient indiquer s’ils connaissaient les mots et indiquer leur genre. Pour les mots choisis, chaque attribution de genre ne peut s’expliquer que par un seul des trois facteurs ci-dessus. Nous n’avons retenu que les items inconnus de nos participants, pour lesquels ils devaient forcément en deviner le genre. Une régression logistique révèle des différences significatives entre les germanophones et les polonophones, notamment pour les mots français à terminaison féminine, avec un coefficient de -0,758 (t = -15,0 ; p < 0,0001). Les Polonais, malgré un système de genre en L1 plus régulier, s’appuient moins sur la terminaison des mots que les Allemands. Nous proposons qu’un système L1 avec moins d’indices manifestes, comme l’allemand, pourrait accroître leur sensibilité aux indices subtils de genre en L2. Les résultats soulignent le rôle nuancé des facteurs linguistiques (distance typologique, indices morphologiques) et extralinguistiques (enseignement de la L2, connaissances métalinguistiques) dans l’apprentissage des langues.
Planchenault, Gaëlle (Simon Fraser University) Poljak, Livia (Simon Fraser University Faculty of Education) Le français, c’est eux aussi!: Construire des ponts communautaires entre les locuteur.trice.s du français en milieu majoritairement anglophone jeudi 26 septembre – 16h30-17h00 – Rechler (LBC 202)
Au Canada, le français occupe une place privilégiée comme langue officielle et fédérale. Pourtant, elle demeure minoritaire dans certaines provinces. En Colombie-Britannique où 1.5% de la population clame avoir le français comme langue première (s’inscrivant ainsi dans la catégorie des ‘francophones’ - nous reviendrons sur la terminologie utilisée au Canada), la place du français est encore perçue comme précaire. Cependant, le nombre d’apprenant.e.s ne cesse de croître (Roy, 2020) et si on considère la totalité des locuteur-trice.s de français dans cette même province (incluant les étudiant.e.s inscrit.e.s dans les programmes d’immersion française), on atteint alors le chiffre de 8%. En même temps, diverses études montrent que les locuteurs préfèrent le français ‘standard’ (Bouchard, 2023) et que le mythe du « locuteur natif » comme locut.eur.ice idéal.e (Leung, Harris & Rampton, 1997) perdure. Si cette présentation partira du constat qu’il existe trois groupes de locuteurs de français: les francophones (ceux-celle qui ont le français comme L1), les locuteurs de français L2, les locuteurs de français langue d’héritage (ceux dont les parents ou grands-parents ont eu la langue comme L1, mais dont les enfants souvent anglophones réapprennent la langue comme une L2), elle insistera sur la nécessité d’abandonner les catégories ou sous-catégories de locuteur-trice.s qui ont servi à entériner les statut et légitimité de certain.e.s (au dépens d’autres) afin de tenter un rassemblement qui permettrait de relancer la vitalité du français en situation minoritaire grâce aux locuteurs de L2. Cet argument sera illustré des résultats d’une recherche récente (Poljak 2023) faite en collaboration avec 109 participants issus de l’immersion française en Colombie-Britannique qui ont été interrogés sur la perception de leur identité linguistique et de leur appartenance envers une communauté ou un groupe (Hogg, 1996).
Ramnäs, Mårten (Göteborgs Universitet) Lindqvist, Christina (Göteborgs Universitet) Les familles de mots dans une perspective d’apprentissage : la compréhension des mots dérivés chez les apprenants suédois de français L2 mercredi 25 septembre – 11h30-12h00 – Rechler 202 Le concept de famille de mots tel que défini par Bauer et Nation (1993) est très largement utilisé dans les tests de vocabulaire et dans les listes de vocabulaire du monde anglo-saxon. La famille de mots comprend toutes les formes flexionnelles et dérivées transparentes d’un même radical. Pour ce qui est de la langue française, une définition opérationnelle du concept fait à ce jour toujours défaut, bien qu’il semble à la fois transposable et pertinent (Ramnäs & Lindqvist 2021). Quelques études récentes remettent en cause la famille de mots au motif que les apprenants ne comprennent pas forcément tous les mots membre d’une famille dès lors qu’ils en connaissent un membre (Brown et al. 2020, McLean 2018). Le but principal de notre étude est de mieux comprendre le lien entre les connaissances réceptives de mots dérivés et le mot de base chez des apprenants suédois de français L2 à l’université. Nous posons les questions de recherche suivantes : a) Dans quelle mesure les apprenants comprennent-ils les différents membres d’une famille de mot ? b) Dans quelle mesure l’affixe influence-t-il la compréhension ? c) Quel est le rôle de la fréquence de la forme dérivée du mot et du mot de base pour la compréhension? Pour tester leur compréhension, 70 étudiants ont fait un test de traduction, où ils devaient expliquer ou traduire différents membres d’une même famille de mots. Le test contient 40 phrases, 11 familles de mots et 15 affixes dérivationnels différents. Les mots testés ont été tirés de différentes zones de fréquence (Lonsdale & Le Bras 2009). Les résultats montrent qu’il y a un lien entre la compréhension du mot de base et celle des mots dérivés. En revanche, la fréquence du mot dérivé et le type d’affixe ne semblent pas influencer la compréhension. References Bauer, L., & Nation, I. S. P. (1993). Word families. International Journal of Lexicography, 6(4), 253–279. Brown, D., Stoeckel, T., Mclean, S., & Stewart, J. (2020). The most appropriate lexical unit for L2 vocabulary research and pedagogy: A brief review of the evidence. Applied Linguistics 43 (3), 596-602. Lonsdale, D. & Le Bras, Y. (2009). A Frequency Dictionary of French. New York: Routledge. McLean, S. (2018). Evidence for the adoption of the flemma as an appropriate word counting unit. Applied Linguistics 39 (6), 823–845. Ramnäs, M. & Lindqvist, C. (2021). Le concept de famille de mot appliqué au français : réflexions et simulations. Les langues modernes 3, 45-53.
Reaves, Alisha (Towson University) Root, Jamie (New York University) “il y a du soleil” vs “il fait (du) soleil”: Variation in Weather Expressions jeudi 26 septembre – 16h30-17h00 – Stibbs (LBC 203) While weather terms of the type “il fait (du) soleil” and/or “il y a du soleil” are presented early on in FLE classes, there is little mention of variation. An examination of online forums reveals that native speakers do not agree on which expression is “correct”, though some suggest that the variation may be regional (Inés, 2014) or that the presence of “du” may imply a partitive interpretation (petitprince, 2009). Suggesting register as a factor, the Académie Française notes « il fait soleil n’est pas incorrecte mais d’usage familier » (Academie Francaise, 2017). While this highlights the diaphasic variation of the absence of « du », it fails to explain the use of « il fait » versus « il y a ». Studies have examined the syntax of weather verbs (Bleotu, 2012; Eriksen et al., 2012) and the verb faire (Lauwers, 2008), but few have examined their lexical variation. This study considers region, age/generation, and semantic interpretation as possible factors for the use of these weather terms. Eighty native speakers of Hexagonal French, recruited through Prolific, completed three tasks: a Free Response Task, an Acceptability Judgement Task (AJT) and a Forced-Choice Preference Task (FCPT). Participants were presented with six different weather conditions (target: sun, wind, fog, clouds; distractors: rain, snow) via stock images and asked to describe the weather. In the AJT and the FCPT participants were presented with expressions conforming to one of three target structures: “il fait (du) [noun]” or “il y a du [noun]”, with the expression “il est + [adjective]” included as a distractor. Preliminary results from the AJT show that many speakers accept all three of the expressions in most weather conditions. The ongoing analysis of the Free Response Task and the FCPT will hopefully shed greater light on potential distinctions between the expressions. References Académie française. (2017, January 5). Dire, Ne Pas Dire: Tobias H. (Allemagne). https://www.academie-francaise.fr/tobias-h-allemagne Bleotu, A. (2012). Why Does IT Always Rain on Me? On Weather Verbs. Proceedings of the First Central European Conference in Linguistics for Postgraduate Students, 59-82. Eriksen, P., Kittila, S. & Kolehmainen, L. (2012). Weather and Language. Language and Linguistics Compass, 6(6), 383-402. Lauwers, P. (2008). Les emplois attributifs de faire. Studia Neophilologica, 80 (1), 43-64. Inés. (2014, November 12). Peut-on dire "Il fait soleil" ? Merci et bonne fin de journée ! [Online forum post]. Italki.com. https://www.italki.com/fr/post/question-270537 petitprince. (2009, October 11). Il fait/il y a du soleil [Online forum post]. WordReference.com. https://forum.wordreference.com/threads/il-fait-il-y-a-du-soleil.1557473/
Secova, Maria (The Open University) “Les parents ils savent ça veut dire quoi..”: morphosyntactic change in French, stigmatised in France but accepted around the world? jeudi 26 septembre – 15h30-16h00 – Stibbs (LBC 203) This paper will discuss the findings of a sociolinguistic project examining language change in Paris and London[1], where quantitative analysis has shown that some innovative linguistic features are more widespread than others or used by certain categories of speakers more than others (Cheshire & Gardner-Chloros, eds., 2018; Anonymous 2017). In this paper, we focus more closely on morphosyntactic changes in Paris French, discussing a structure that appears to be exceptional as it has rarely been found in previous corpora in France: indirect questions following verbs like voir or savoir, where the question word is post-verb (je sais pas c’est quoi). This structure appears to be an instance of ‘change from below’ (Labov, 2007) which seems to have emerged among young people of immigrant background exposed to heritage languages at home. We discuss the linguistic and social parameters of use of this innovative form, while investigating its parallels in other varieties of French (e.g. Quebec French). In particular, we interrogate whether this seemingly innovative feature may, in fact, be a long-standing vernacular variant re-emerging in specific contexts with identity-related significance, following the general direction of morphosyntactic change with regard to simplicity and economy. [1] ESRC-RES-062330006: Multicultural London English–Multicultural Paris French, 2010-2014.
Simard, Daphnée (Université du Québec à Montréal) Zuniga, Michael (Université du Québec à Montréal) Hameau, Florian (Université du Québec à Montréal) Regard sur des prédicteurs de la mesure de l’aisance perçue : le cas du français L2 jeudi 26 septembre – 11h00-11h30 – Rechler (LBC 202) Le lien entre un jugement subjectif de l’aisance langagière (habileté à mettre en relation avec facilité diverses composantes de la communication en temps réel, Germain et Netten, 2004) et différents phénomènes de production orale (PO), dont les pauses et les autoreformulations a été observé dans la recherche en L2. Toutefois, la méta-analyse de Suzuki, Kormos et Uchihara (2021) a révélé que les catégories d’autoreformulations qu’ils avaient identifiées (répétitions, autocorrections) n’étaient pas, lorsqu’examinées séparément, des prédicteurs significatifs de l’aisance perçue, soit celle jugée subjectivement (voir Segalowitz, 2010). Suzuki et coll. expliquent que le jugement sur la PO ne repose pas que sur la vitesse d’élocution et les autoreformulations, mais serait aussi réalisé sur des bases linguistiques plus générales comme le lexique (p. 51). Notons que seules deux des 318 études recensées visaient le français L2. Dans notre étude, nous avons examiné la relation entre l’aisance perçue mesurée au moyen d’un logigramme à trois niveaux visant, dans l’ordre : rythme d’élocution, diversité lexicale et grammaticale et recours à l’intonation (voir Simard, Zuniga et Hameau, 2022) et des mesures d’aisance de l’énoncé (utterance fluency; Segalowitz, 2010). Pour ce faire, 33 adultes anglophones locuteurs du français L2 ont été soumis à une tâche de narration à partir d’images. Trois juges ont codé indépendamment la PO au moyen du logigramme (accord interjuges = 0,96). Une mesure globale de rythme du discours (speech rate; Freed et coll., 2004) a été calculée à partir des narrations. Enfin, les autoreformulations ont été catégorisées selon qu’elles visent la forme (p. ex., accord, conjugaisons) ou le discours (choix de mots visant l’ajout d’une précision sémantique). Les résultats montrent que les autoreformulations visant spécifiquement la forme et la mesure de rythme du discours prédisent significativement les jugements basés sur le logigramme. Les implications pour la recherche et pour l’enseignement seront discutées.
Smith, Lesley (University of South Carolina) J’ai trop honte de ma prononciation : Glottophobia and anxiety in French-language teaching mercredi 25 septembre – 14h30-15h00 – Race (LBC 201) Anxiety afflicts many students in the language classroom and is often referred to as foreign language anxiety, or FLA (Horowitz et al., 1986). Anxiety can harm linguistic development, as anxious students are often silent as a defense against potential embarrassment or misunderstanding by their instructor or peers (MacIntyre, 2017; Smith & King, 2018). Many French learners also specifically cite judgement about their pronunciation as a major source of anxiety (Coppinger & Sheridan, 2022). Studies have shown this to be true even for students with Anglophone teachers and those at an advanced level of French study (Coulombe & Roberts, 2001). Glottophobia, or, la glottophobie, is defined by Phillipe Blanchet as contempt, rejection, and exclusion of persons, manifesting in discrimination based on the perceived inferiority of their language use (2016, p. 44). Blanchet argues that glottophobia is embedded in the French education system, therefore, students with dialects diverging from institutional norms often suffer negative educational outcomes, emotional hardships, and separation from their cultural practices (Dahoun, 1995). This paper argues that glottophobia is likewise entrenched in French foreign language pedagogy, creating French learners who are not only intolerant of the majority of francophones, but also insecure about their own language use. This paper discusses the results of a survey of intermediate French learners in an oral communications course, and is part of a larger mixed-methods study on FLA. The results show that students express many of the same negative feelings about their own speech as they do the speech of “non-standard” francophone speakers. Discussion will highlight patterns in learners’ responses as they relate to la glottophobie and consider how pedagogical interventions that highlight linguistic plurality can help fight against glottophobia in the classroom and relieve general anxiety about communicating in French. References Blanchet, P. (2016). Discriminations : Combattre la glottophobie. Textuel. Coppinger, L. & Sheridan, S. (2022). Accent anxiety: An exploration of non-native accent as a source of speaking anxiety among English as a foreign language (EFL) students. Journal for the Psychology of Language Learning, 4(2), 1–22. Coulombe, D. & Roberts, W. (2001). The French-as-a-second-language learning experience of anglophone and allophone university students. Journal of International Migration and Integration, 2(4), pp. 561-579. Dahoun, Z. (1995). Les couleurs du silence : Le mutisme des enfants de migrants. Calmann Lévy. Horowitz, E.K., Horowitz, M.B., & Cope, J. (1986). Foreign Language Classroom Anxiety. The Modern Language Journal, 70(2), 125–132. MacIntyre, P. D. (2017). An overview of language anxiety research and trends in its development. In Gkonou, C., Daubney, M., & Dewaele, J.-M. (Eds.), New insights into language anxiety: Theory, research and educational implications (pp. 11–30). Multilingual Matters. Smith, L., & King, J. (2018). Silence in the foreign language classroom: The emotional challenges for L2 teachers. In Martinez Agudo, J. D. (Ed.), Emotions in second language teaching (pp. 323–340). Springer.
Tallarico, Giovanni (Université de Vérone) La variation au cœur des recherches sur l’innovation lexicale : le réseau ENEOLI mercredi 25 septembre – 12h00-12h30 – Race (LBC 201) La néologie est un phénomène « massif, permanent et universel » (Sablayrolles 2019 : 7), au cœur d’un vaste réseau international portant le nom d’ENEOLI (European Network on Lexical Innovation, 2023-2027) et ayant comme objectif d’étudier l’innovation lexicale à partir d’une perspective plurielle: 1) métalinguistique, dans le but de repérer et définir les termes clés de l’innovation lexicale, à travers un glossaire spécialisé multilingue; 2) numérique, afin d’explorer et comparer les méthodes et les ressources les plus avancées pour identifier et traites les néologismes; 3) comparative, en abordant des phénomènes variés, tels que les amalgames lexicaux (blends), ou bien en adoptant des approches diverses (lexicographique, discursive, cognitive, etc.); 4) didactique, en visant une formation spécialisée destinée aux professionnels du langage (traducteurs, enseignants, lexicographes, etc.). La néologie, bien entendu, prend des dimensions variables en fonction des contextes linguistiques et culturels. D’un point de vue sociolinguistique, un néologisme n’est tel que par rapport à une communauté donnée (Erhart et Rey 2023). Par exemple, le domaine du tourisme comporte un certain nombre de spécificités lexicales qui sont propres à un contexte précis, comme récréotourisme au Canada, ou encore les régionalismes baignassoute, hors(a)in, monchû et pinzutu, dont l’enregistrement lexicographique est très variable (Tallarico 2023). Dans notre communication nous abordons les liens entre néologie, lexicographie et sociolinguistique (Rey 2020), avec quatre objectifs principaux: a) valoriser la dimension variationnelle de la néologie au sein des axes d’ENEOLI présentés ci-dessus; b) repenser et relativiser le concept même de néologie, qui implique une approche « par degrés » (scalaire); c) remettre en question la prétendue exhaustivité des dictionnaires, à la lumière de la variation diatopique; d) analyser l’accueil fait à la variation lexicale dans l’espace francophone au sein des dictionnaires français contemporains (Corbin et Gasiglia 2017). Références Corbin, P. & Gasiglia, N. (2017). Un demi-siècle de conceptions du traitement de la variation dans la lexicographie d’expression française. Revue de Sémantique et Pragmatique 41-42. ENEOLI – European Network on Lexical Innovation : COST Action CA22126 Erhart, P. & Rey, C. (2023). Néologie et langues régionales. Une créativité à revaloriser. Neologica 17: 11-21. Rey, C. (2020), Dictionnaire et société. Paris: Honoré Champion. Sablayrolles, J-F. (2019). Comprendre la néologie. Conceptions, analyses, emplois. Limoges: Lambert-Lucas. Tallarico, G. (2023). Une perspective francophone pour l’étude des néologismes touristiques. In C. Molinari & R. Paternostro (éds.), Le français au prisme de sa diversité. Milan: Ledizioni, pp. 47-60.
Theophanous, Olga (Université Toulouse - Jean Jaurès) Acquisition des collocations en FLE : données empiriques et réflexions didactiques vendredi 27 septembre – 11h00-11h30 – Race (LBC 201) Les collocations sont un aspect crucial de l’apprentissage du lexique. Faisant partie de la phraséologie d’une langue donnée, les collocations jouent aussi un rôle fondamental dans la communication et la maitrise de la langue en lui conférant de la précision et de la fluence. Le développement de la compétence collocationnelle présente cependant un sérieux défi aux apprenants d’une langue étrangère et les erreurs collocationnelles sont les erreurs lexicales les plus courantes, après les erreurs sémantiques (Hamel & Miličevič, 2005). Cette contribution présente les résultats d’une étude empirique sur les connaissances collocationnelles d’apprenants de français langue étrangère. Nous nous posons les questions suivantes : 1) La connaissance des mots isolés constitutifs d’une collocation garantit-elle la connaissance de cette dernière ? 2) Peut-on connaître une collocation sans connaître tous les mots qui la composent ? 3) La structure collocationnelle joue-t-elle un rôle dans la connaissance collocationnelle ? 4) Dans quelle mesure les apprenants ont-ils confiance en leurs connaissances collocationnelles ? 30 sinophones de niveau B2 en français ont complété un test lacunaire comportant 54 collocations (24 nominales et 30 verbales). L’examen des réponses déviantes laisse apparaître un continuum dans leurs connaissances des collocations : le collocatif erroné pouvant être a) un mot réel ou inexistant, correct lexico-sémantiquement mais déviant morphologiquement (*jalousie malade, *décision hâtée), b) une forme déviante phonétiquement (*frosser les sourcils), c) une forme issue d’une confusion interlinguale (*dictater ma conduite via l’anglais dictate), etc. A l’instar de la connaissance des mots isolés, la connaissance des collocations (mots qui vont très bien ensemble) apparaît également comme évolutive et graduelle puisqu’on peut les connaître plus ou moins bien. Le besoin d’y revenir souvent pour mieux les consolider dans la mémoire à long terme et pouvoir les activer rapidement et avec exactitude au moment voulu apparaît clairement. Des pistes didactiques seront également discutées. Références Edmonds, A. (2013) Parfaitement sensé : La préférence sémantique et l’enseignement des collocations en L2. In C. Garcia-Debanc, C. Masseron et C. Ronveaux (eds) Enseigner le lexique, Namur, Presses Universitaires de Namur, pp. 131-151. Grossmann, F. et Tutin, A. (2003) Quelques pistes pour le traitement des collocations. Revue Française de Linguistique Appliquée, pp. 5-21. Hamel, M.J. et Miličevič, J. (2005) Analyse d’erreurs lexicales d’apprenants du FLS : démarche empirique pour l’élaboration d’un dictionnaire d’apprentissage. Revue canadienne de linguistique appliquée 8/1, 25-45. Laufer, B. et Waldman, T. (2011) Verb-Noun Collocations in Second Language Writing : A Corpus Analysis of Learners’ English. Language Learning 61/2, 647-672. Nation, P. (2001) Learning Vocabulary in Another Language. Cambridge : CUP. Peters, E. (2016) The learning burden of collocations : The role of interlexical and intralexical factors. Language Teaching Research 20/1, 113-138. Sinclair, J. (1991) Corpus, Concordance, Collocation. Oxford : OUP. Szudarski, P. et Carter, R. (2016) The role of input flood and input enhancement in EFL learners’ acquisition of collocations. International Journal of Applied Linguistics 26, 245-265. Tremblay, O. (2014) Les collocations : des mots qui font la paire. Québec français, no 171, pp. 74-76. Tsedryk, A. (2020) Vers le réemploi lexical en français L2 : effet d’exercice de reformulation et d’un enseignement explicite sur l’apprentissage de collocations. Repères 61, pp. 1-23. Webb, S., et Kagimoto, F. (2011) Learning collocations: Do the number of collocates, position of the node word, and synonymy affect learning? Applied Linguistics, 32, 259-276.
Wendte, Nathan A. (University of Virginia) Un autre regard sur l’autre côté du lac jeudi 26 septembre – colloquium 9h00-10h30 – Stibbs (LBC 203) Dans le sud de la Paroisse de Saint-Tammany, sur les rives du lac Pontchartrain, il existe depuis des siècles une communauté créole (Ellis 1981; Gilbert 1989). Cette communauté inclut des Indiens, des Africains, et des Français, mais aussi des Espagnols et des Italiens entre autres. Les liens entre cette communauté créole et celle de la Nouvelle-Orléans datent de sa fondation. Néanmoins, jusqu’au moment où s’est construit un pont entre La Nouvelle-Orléans et l’autre côté du lac (Lake Pontchartrain Causeway en 1956), le “Northshore” a maintenu son caractère individuel (“Northshore Stories”). Le créole louisianais de la Paroisse de Saint-Tammany démontre des particularitiés propres à elle qui la distinguent d’autres dialectes de la langue (Wendte 2022). Peut-être la différence la plus marquée décrite est la non-variabilité de son verbe (Klingler and Dajko 2006). Cela veut dire que le verbe dans cette variété ne change jamais de forme. Ce trait correspond bien aux autres créoles français des Amériques (le créole haïtien, le créole guyanais, etc.). Cependant, ce trait est absent du dialecte du créole louisianais le plus répandu aujourd’hui (le créole de la Paroisse de Saint-Martin (cf. Neumann 1985)). Références Ellis, F. S. 1981. St. Tammany Parish: L’autre Côté Du Lac. Gretna, LA: Pelican. Gilbert, J. D. 1989. “The Northshore--St. Tammany Parish.” In Folklife in the Florida Parishes, 33–38. Baton Rouge: Louisiana Folklife Program, Division of the Arts Office of Cultural Development, Department of Culture, Recreation, and Tourism; Center for Regional Studies, Southeastern Louisiana University. Klingler, T. A. & Dajko, N. 2006. “Louisiana Creole at the Periphery.” In History, Society and Variation: In Honor of Albert Valdman, 28:11–28. Creole Language Library. Amsterdam: John Benjamins. Neumann, I. 1985. Le Créole de Breaux Bridge, Louisiane: Étude Morphosyntaxique, Textes, Vocabulaire. Kreolische Bibliothek, Bd. 7. Hamburg: H. Buske. “Northshore Stories.” 2002. New Orleans: WYES. Wendte, N. A. 2022. “Preliminary Peculiarities of Northshore Creole, a Dialect of Louisiana Creole.” Presented at the SECOL 89, Baton Rouge, LA, April 1.
Whitmore, Oliver (University of California, Berkeley) Cultivating Allies of Occitan mercredi 25 septembre – 11h00-11h30- Race (LBC 201) Approaches in language revitalization often seek to balance the relationship of an outside researcher and the desires of indigenous, minority, or minorized communities (Hinton et al., 2018). Similar approaches in second language education have encouraged teachers and researchers to work with the speaker community towards a set of meaningful goals (Sato & Loewen, 2022). The students, in these second language classes, have the potential to become international advocates for the minority language community (Dorian, 2014). In French programs in the US, Occitan is associated with medieval literature courses, (e.g. Paden, 1998). Occitan practice in the 21st century is completely ignored. Even in French (socio)linguistics textbooks (e.g. Ball & Marley, 2006), Occitan is only discussed with respect to how it impacted the French lexicon and how it developed key features of Southern French. It is doubtful that this past tense perspective of Occitan could create any kind of student ally for current and future practices of Occitan language and culture.The current project asks: (1) What should the study of Occitan look like in the French classroom according to the Occitan community? I distributed an online survey asking Occitan community members (speakers and non-speakers) to describe areas of Occitan culture, society, and language practice that they would like to see represented in the American university context. Analysis of 1000 free response blocks shows that participants value themes common in language revitalization, such as a) understanding language as a practice (not as an object); b) knowing how they became minoritized; c) forging connections with other minoritized and indigenous groups. With the community-informed approach taken here (Hermes et al., 2012), the research suggests new topics to form allies of Occitan and ways in which the French curriculum can connect to the broader, diverse francophone world (Meyer & Hoft-March, 2021). References Ball, R. & Marley, D. (2006). The French-Speaking World: A practical introduction to sociolinguistic issues. Routledge. Dorian, N. (2014). Western Language Ideologies and Small-Language Prospects. In N. Dorian (ed.), Small-Language Fates and Prospects. Brill. (Ch 15, pp. 264–283). Hermes, M., Bang, M., & Marin, A. (2012). Designing Indigenous language revitalization. Harvard Educational Review, 82(3), 381-402. Hinton, L., Huss, L., Roche, G. (2018). Introduction. In. Hinton, L., Huss, L., & Roche, G. (eds). The Routledge Hanbook of Language Revitalization. Routledge. (pp. xxi – xxx). Meyer, E. N., & Hoft-March, E. (Eds.). (2021). Teaching Diversity and Inclusion: Examples from a French-Speaking Classroom. Routledge. Paden, W. (1998). An Introduction to Old Occitan. The Modern Language Association. Sato, M., & Loewen, S. (2022). The research–practice dialogue in second language learning and teaching: Past, present, and future. The Modern Language Journal, 106(3), 509-527.
Widera, Carmen (Universität Konstanz) La variation dans l’usage de il explétif et de ne négatif en français parlé en France jeudi 26 septembre – 17h00-17h30 – Stibbs (LBC 203) En français oral, on observe deux phénomènes de variation qui concernent respectivement la réalisation et l’omission d’un élément : d’une part l’emploi de il explétif dans les constructions impersonnelles et d’autre part l’usage de l’adverbe de négation ne. Pour les deux, la réalisation correspond à la norme tandis que l’omission est attribuée à la langue parlée (Koch & Oesterreicher 2011). Les exemples suivants, tirés du corpus Études SocioLinguistiques à Orléans (ESLO), illustrent les deux variantes : (1) a. Il faut lui enseigner pas mal de matières. (2) a. Non non il ne faut pas exagérer quand même. Pour les deux phénomènes, des études précédentes ont montré que la variation observée est régie par des contraintes linguistiques et sociales, ce qui révèlent des changements en cours vers l’omission (Coveney 1990, Ashby 2001, Culbertson & Legendre 2014, Zimmermann & Kaiser 2014, Widera 2022). Cette communication met en parallèle les résultats d’une étude de corpus, basée à Orléans. Les questions de recherche sont les suivantes : Les fréquences d’omissions sont-elles les mêmes pour il explétif et pour ne négatif ? Observe-t-on l’influence des mêmes facteurs sociolinguistiques sur ces omissions ? Comment l’omission évolue-t-elle pour les deux variables ? Les données proviennent du corpus oral ESLO, enregistré en deux parties entre 1968 et 1971 et à partir de 2008 (Baude & Dugua 2011). Après extraction des occurrences possibles d’emploi du il explétif et du ne négatif, nous voulons codifier chaque occurrence pour l’alternance présence/absence de il ou de ne et pour des facteurs sociolinguistiques (sexe, âge et classe socioéconomique). Références Ashby, W. (2001). Un nouveau regard sur la chute du ne en français parlé tourangeau: s’agit-il d’un changement en cours? Journal of French Language Studies 11, 1-22. Baude, O. & Dugua, C. 2011. (Re)faire le corpus d’Orléans quarante ans après : quoi de neuf, linguiste ? Corpus 10, 99-118. Coveney, A. 1990. The omission of ne in spoken French. Francophonie 1, 38–43. Culbertson, J. & Legendre, G. 2014. Prefixal agreement and impersonal ‘il’ in Spoken French: Experimental evidence. Journal of French Language Studies 24, 83–105. Koch, P. & Oesterreicher, W. 2011. Gesprochene Sprache in der Romania. Französisch, Italienisch, Spanisch. Berlin: De Gruyter. Widera, C. 2022. L’emploi du pronom sujet explétif il en français moderne : une analyse micro-diachronique de l’oral. Langages 226, 55–68. Zimmermann, M. & Kaiser, G. 2014. On expletive subject pronoun drop in colloquial French. Journal of French Language Studies 24, 107–126.
Widera, Carmen (Universität Konstanz) Djuikui Dountsop, Claire (Université de Montréal) Étude comparative du français parlé à Montréal et à Orléans : cas du il explétif mercredi 25 septembre – 14h30-15h00 – Stibbs (LBC 203) En français oral, l’emploi de il explétif dans les constructions impersonnelles varie entre la réalisation et l’omission, comme observé à Montréal (1) et à Orléans (2). (1) (Ø) Faut je me rende à Tofino demain matin. (Montréal 2012) (2) (Ø) Faut que ça soit accessible quoi. (ESLO 2008) Des études précédentes sur ces deux variétés de français ont montré que l’alternance observée dépend des facteurs linguistiques et sociaux. De plus, il existe un changement en cours vers l’omission (Djuikui Dounstop et al. 2020, Widera 2022). Objectif : Cette communication met en parallèle deux études de corpus, l’une basée à Montréal, l’autre à Orléans, afin de déterminer si les tendances associées à la variation de il sont divergentes ou convergentes. Nos questions de recherche sont les suivantes : la fréquence d’omission de il est-elle la même dans les deux communautés ? L’omission est-elle influencée par les mêmes facteurs et évolue-t-elle de la même manière dans les deux communautés? Méthodologie : Les données proviennent de quatre corpus faits d’entrevues enregistrées d’une part à Montréal en 1971 (N=120) (Sankoff et al. 1976) et en 2012 (N=50) (Blondeau et al. 2012) et d’autre part à Orléans entre 1968 et 1971 (N=150) et à partir de 2008 (N=150) (Baude & Dugua 2011). Après extraction, nous avons codifié chaque occurrence pour l’alternance présence/absence de il et pour les facteurs linguistiques (temps verbal, type de proposition, négation) et sociaux (sexe, âge, classe socioéconomique). Nous avons utilisé le package glmer de R pour tester l’effet de ces facteurs sur l’omission de il. Les résultats révèlent une augmentation de l’omission de il dans les deux communautés en diachronie. Cependant, on n’observe pas cette convergence en synchronie : alors qu’on observe une tendance vers l’omission à Orléans, on assiste à un renversement vers la variante standard à Montréal. Références Baude, O. & Dugua, C. (2011). (Re)faire le corpus d’Orléans quarante ans après : quoi de neuf, linguiste? Corpus 10, 99-118. Djuikui Dounstop, C., Auger, J., & Tremblay, M. (2020). A real-time analysis of the variable use of expletive ‘il’ in Montréal French. University of Pennsylvania Working Papers in Linguistics 26, 59–68. Martineau, F. & Séguin, M.-C. (2016). Le corpus FRAN : Réseaux et maillages en Amérique française. Corpus 15. Sankoff, D., Sankoff, G., Laberge, S. & Topham, M. (1976). Méthodes d’échantillonnage et utilisation de l’ordinateur dans l’étude de la variation grammaticale. Cahiers de Linguistique de l’Université du Québec 6, 85–125. Widera, C. (2022). L’emploi du pronom sujet explétif il en français moderne : une analyse micro-diachronique de l’oral. Langages 226, 55–68. Wissner, Inka (Université de Franche-Comté) Du Québec à la Louisiane et au-delà : les syntagmes panaméricains du type ‘en grand’ et ‘allège’ jeudi 26 septembre – 15h00-15h30 – Stibbs (LBC 203) Pour décrire le fonctionnement du français dans sa variation inhérente, les variétés nord-américaines constituent d’excellents terrains d’analyse si l’on s’intéresse à la fois aux innovations et aux usages historiques exclus de la norme hexagonale, qu’ils relèvent de la tradition savante ou vernaculaire. La présente recherche issue d’un projet international examine la diffusion et la vitalité historique d’un phénomène de grammaire d’apparence rare en français contemporain : l’adverbial construit selon le schéma < préposition + adjectif >, comme en grand (polysémique) et allège "sans chargement". Des travaux récents montrent sa présence dès le latin informel (Solari Jarque 2022) et sa régression progressive dans la plupart des langues romanes, y compris en français. Cette régression s’observe-t-elle dans toutes les variétés de français ? Nous présenterons la synthèse d’une analyse historico-variétale d’une nomenclature importante de plus de 300 adverbiaux qui sont attestés dans la francophonie du Nord à un moment de l’histoire. Il s’agira de retracer leur ancrage en français et en dialecte en Europe puis leur diffusion dans les variétés de français en Amérique du Nord. Nous montrerons que ces dernières font preuve d’une importante capacité d’innovation, ainsi que d’une forte résistance à l’influence de la norme exogène européenne jusqu’au 20e siècle au moins. L’analyse s’appuie sur la documentation historique et variationnelle essentiellement lexicographique, allant des dictionnaires d’ancien et moyen français comme TL, DMF et le FEW aux grammaires et dictionnaires différentiels comme le Glossaire du parler français au Canada (GPFC 1930) et le Dictionary of Louisiana French (Valdman et al. 2010). Ces données sont complétées de sources dialectales et créoles (notamment DECA), qui renseignent elles aussi obliquement sur un stock d’usages partagés avec le français isotope. L’analyse identifie différentes trajectoires historiques en ciblant en particulier les adverbiaux proprement panaméricains comme en grand, allège ou pantoute. Bibliographie DECA : Bollée A. et al. (dir.) (2017-2018), Dictionnaire étymologique des créoles français d’Amérique, Hambourg : Buske. DMF : Dictionnaire du Moyen Français 1330 – 1500 (2020), dir. R. Martin, Nancy, http://www.atilf.fr/dmf/. FEW : Wartburg W. von (1928-2003), Französisches Etymologisches Wörterbuch, Bonn et al. : Klopp et al. GPFC : Société du Parler Français au Canada (1930), Glossaire du parler français au Canada, Québec, PUL. GraCoFal : Neumann-Holzschuh, I. & Mitko, J. (2018), Grammaire comparée des français d’Acadie et de Louisiane, Berlin & Boston : De Gruyter. Solari Jarque, Nicolás (2022), Las formaciones adverbiales con preposición y adjetivo (tipos de pleno, in serium) en el latín antiguo y medieval. Alcalá de Henares, Espagne: thèse de doctorat, Université d’Alcalá de Henares. TL : Tobler-Lommatzsch A. (1925-2008), Altfranzösisches Wörterbuch, Wiesbaden, Stuttgart : Steiner. Valdman, Albert et al. (2010), Dictionary of Louisiana French, Jackson: University Press of Mississippi.
Zwanziger, Elizabeth (University of Northern Iowa) Toward a French for heritage speakers course in the midwestern U.S.: a diagnostic qualitative study mercredi 25 septembre – 11h30-12h00 – Race (LBC 201) The French language has been part of the history of the upper Mississippi region since exploration in the 17th century and has remained an important language of study. In recent decades the upper midwest has welcomed an influx of francophone immigrants (Our Story). As in other U.S. regions, this has revitalized French as a heritage language in communities and academic settings (McGuire, 2016; Stein-Smith, 2023). To inform an eventual stand alone heritage speaker French course at the university level, a qualitative study was carried out at a medium-sized university with ten Francophone heritage speakers from Africa, the Caribbean, and Europe regarding their goals, motivations, attitudes and challenges pertaining to formal French study. Several salient themes in the data are also borne out in the literature. The maintenance of French as a heritage language ranks high in importance as does multilingualism in general (Laforet, 2016). Both Haitian and Congolese participants noted challenges related to code-switching between French and additional home languages, Creole and Lingala. Haitians remarked that the majority of their French language experience had previously been limited to members of their own communities who also spoke Creole (Zéphir 1996). Congolese speakers reported mixing Lingala and French within the same utterance (Nkuanga 2011; N’Sial 1975), referring to it as Frangala. Both of these groups stated an unawareness of the extent of the mixing before exposure to academic French outside of their multilingual communities. Although the French language is a point of intersection between heritage speakers, their linguistic situations vary significantly. In order to design unique heritage courses, an understanding of the vastly different French heritage cultural and linguistic identities is critical (Potowski, 2023). Curricular considerations for unique heritage courses require differentiation and should include culture- and identity-based literacy work (Beaudrie & Loza, 2023) in addition to micro-level language tasks. |
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